Kinshasa, 16 juillet 2014- Depuis des décennies, le quartier Pakadjuma, situé dans la commune de Limete à Kinshasa, est connu pour sa réputation sombre. La prostitution, la délinquance, les viols et les violences physiques font partie du quotidien des habitants de ce bidonville surpeuplé.
Les ruelles étroites de Pakadjuma sont le terrain de jeu des travailleuses du sexe, qui tentent de survivre dans des conditions précaires. Les taudis en tôles et les déchets jonchant le sol créent un environnement crasseux et insalubre.
Le commerce du sexe est la principale source de revenu pour de nombreuses femmes de Pakadjuma, qui ont fui la pauvreté dans l’espoir d’une vie meilleure à Kinshasa. Certaines d’entre elles, même des jeunes filles, se lancent dans la prostitution dès l’adolescence.
L’une des jeunes filles témoigne avoir commencé ce métier à l’âge de 12 ans : “Je fais le commerce de sexe. C’était mon choix ! Mais, si tu rencontres mes parents, tu ne croiras pas que ce sont eux mes parents. Ça fait longtemps que je pratique ce métier. Je l’ai commencé à l’âge de 12 ans, après avoir fui de chez nous. Je suis d’abord allée à Funa, puis Kingabwa, après j’ai été à Tshangu avant de m’installer ici à Kawele. Aujourd’hui, j’ai grandi”.
Dans ses aventures sexuelles non protégées, elle dit avoir eu deux enfants. Mais, ils sont tous décédés. Malgré cela, “j’aime ce métier, car ma mère est en Angola. J’habitais chez mon oncle. Mais, il ne s’occupait pas bien de nous”, lâche-t-elle, accusant son oncle de s’attacher seulement à ses propres enfants.
Malgré les risques et les conséquences dangereuses, telles que la violence et les viols, la prostitution à Pakadjuma se poursuit à des tarifs dérisoires. “Tu peux croiser un homme, il va avec toi, et il te frappe au lieu de te payer. Pendant la nuit, tu croises des militaires, ils te ravissent tout l’argent. Si tu croises de nombreux voyous, ils te violent et ne ils ne te donnent rien. Il y a beaucoup de conséquences dans ce métier”, explique-t-elle.
Les habitants du quartier soulignent que le loyer abordable est l’une des principales raisons de la prostitution dans la région. “Les gens viennent ici car le loyer est moins cher. Entre 20 000, 30 000 francs congolais. Si une femme se retrouve sans mari, elle se lance dans la prostitution pour survivre. Nous voyons également les adolescentes, âgées de 11, 12 ou 13 ans, qui se prostituent. C’est par manque d’encadrement (…) Elles sont nombreuses ici”, indique-t-elle.
La police de la protection de l’enfant et de lutte contre les violences basées sur le genre est dépassée par la situation à Pakadjuma, où les violences sexuelles et les viols sont monnaie courante. Les efforts de l’ASBL Pakadjuma Fondation pour aider les habitants du quartier sont louables, mais les défis restent nombreux.
Malgré tout, des initiatives telles que l’alphabétisation des femmes, la réinsertion professionnelle et l’accès à l’éducation pour les enfants montrent qu’il est possible de changer les choses à Pakadjuma. La communauté se bat pour sortir de la spirale de la prostitution et de la violence, mais le chemin à parcourir reste long.
Rédaction