Kinshasa, 13 août 2024- Le stade des Martyrs de Kinshasa, joyau du sport congolais, se retrouve au cœur d’une controverse qui soulève de nombreuses questions sur la gestion des infrastructures publiques en République Démocratique du Congo (RDC).
Récemment, le ministre des Sports actuel, Didier Budimbu, a exprimé ses inquiétudes quant à la perte d’homologation du stade en raison de la construction d’une station-service à son entrée. Cette déclaration a été largement médiatisée, notamment grâce à une vidéo virale où le ministre réprimande un ingénieur sur place, soulignant ainsi l’urgence de la situation. Cependant, cette vision alarmiste est contestée par son prédécesseur, Serge Nkonde, qui a dédramatisé la situation en affirmant qu’il n’y avait jamais eu de spoliation.
Le désaccord entre Budimbu et Nkonde met en lumière une problématique plus vaste relative à la gestion des infrastructures sportives en RDC. Alors que la construction d’une station-service peut sembler anodine, elle révèle en réalité un manque de vigilance dans la préservation des espaces dédiés aux activités sportives. Les accusations de constructions illégales, si elles sont avérées, pourraient être le reflet d’une collusion entre certains responsables et des projets d’urbanisation inappropriés qui menacent l’intégrité des installations sportives.
L’administrateur gérant du stade, Dadou Ethambe, se dit désemparé face à cette situation, incapable de pointer du doigt les responsables de cette spoliation apparente. Cette incapacité à désigner des coupables renforce un sentiment d’impunité autour de la gestion des biens publics et soulève des inquiétudes quant à la transparence des décisions qui ont conduit à ce contrat de location controversé. En effet, un bail signé en 2021 entre l’ancien administrateur du stade et un entrepreneur prévoit l’érection d’une station-service, d’un hôtel et d’un restaurant sur le site, avec l’approbation de Serge Nkonde.
Ce partenariat, qui a été scellé pour une durée de quinze ans et pour un montant mensuel de 6000 dollars, soulève des interrogations sur la légitimité de telles décisions. Si le contrat contient une clause de confidentialité qui complique la transparence, il est crucial que les autorités compétentes prennent des mesures pour clarifier la situation et protéger l’intégrité du stade des Martyrs.
Alors que les travaux de construction semblent avoir été suspendus, la question demeure : que doit-on faire pour garantir que le patrimoine sportif congolais ne soit pas sacrifié sur l’autel de l’urbanisation ?
Rédaction