Kinshasa, 20 août 2024- Au total 9 personnes » assimilées » aux présumés miliciens BakataKatanga, ont été tuées à Kilwa en territoire de Kasenga dans la province du Haut-Katanga, par les forces armées de la RDC.
En réaction, maître Joseph Mulunda a dans sa tribune de ce mardi 20 août, indiqué que:
L’espace grand Katanga est aujourd’hui le théâtre d’un débat crucial sur les principes fondamentaux de notre État de droit. Alors que le gouvernement peine à consolider la cohésion nationale pour faire face à la crise socio-économique et sécuritaires aiguë qui secoue le pays, le monde a été ahuri de voir par le biais des réseaux sociaux la réaction disproportionnée des forces de sécurité du pays ayant conduit à la mort d’une dizaine des personnes que plusieurs sources recoupées reconnaissent être fidèles de la secte tradi-religieuse dénommée Mbidi Kiluwe qui etaient en procession.
Ces événements tragiques qui ont encore une fois, endeuillé de nombreuses familles au Katanga, soulevent la question de la professionnalisation des services de sécurité et de la défense surtout face à des civiles qui, comme l’attestent les images, étaient visiblement mains nues et pouvaient, par conséquent, être maîtrisés.
il est impératif de rappeler que la gravité des faits allégués ne doit en aucun cas obscurcir l’importance d’une procédure équitable garantissant la présomption d’innocence et la préservation des droits humains.
La présomption d’innocence n’est pas simplement une notion théorique ; elle représente un des piliers de notre démocratie et de notre justice. La Constitution de notre pays, en tant que garant des droits fondamentaux, énonce clairement que tout individu est présumé innocent tant qu’il n’a pas été déclaré coupable par une décision ayant force de la chose jugée rendue par un tribunal régulièrement compétent. Ce principe sacrosaint protège non seulement l’individu accusé, mais renforce également la crédibilité de notre système judiciaire et étouffe toute velléité de justice populaire, d’abus de pouvoir ou de recours l’arbitraire.
Dans un paysage médiatique souvent enclin à favoriser le sensationnalisme et les réactions impulsives dictés par la clameur publique ou les relents revanchards choyés par les acteurs politiques véreux, il est crucial de demeurer conscient de l’impact de nos paroles et de nos actions sur l’imperieuse nécessité de préserver la paix sociale, gage du vivre ensemble.
La diffusion d’accusations infondées ou le jugement prématuré prononcé dans le sens de taire des voix discordantes ou d’alimenter des expéditions punitives à l’égard des concurrents politiques ou du peuple en général, peuvent non seulement porter atteinte à la réputation des personnes incriminées, mais également asthénier davantage les bases tectoniques mêmes de notre société.
Nous, en tant que citoyens responsables et conscients, devons nous opposer à toute forme de justice expéditive. Rien ni personne ne devrait se soustraire à cette norme, quelles que soient les circonstances. Toute personne mérite un traitement juste et impartial, et ce, indépendamment de sa position ou de son statut social surtout que le droit à la vie rentre dans le cadre des droits fondamentaux garantis tant par notre constitution que par les differents textes internationaux ratifiés par la République Démocratique du Congo à l’instar de la charte africaine de droits de l’homme et des peuples.
Il est également essentiel que les institutions compétentes soient vigilantes et qu’elles garantissent le respect de ces droits dans toutes leurs procédures. La transparence et l’intégrité de la justice doivent rester prioritaires pour maintenir la confiance du public. Il incombe à chacun d’entre nous — citoyens, acteurs politiques, médias…, en ce temps difficile où notre existence commune est menacée de toute part par des forces externes avec leurs supplétifs internes, de défendre ces valeurs et de s’opposer à tout abus ou injustice.
En conclusion, alors que nous suivons de près les développements autour de ces événements malheureux, engageons-nous à promouvoir un environnement où la justice est authentiquement rendue, où les réparations sont faites à lendroit des familles éplorées et où les sanctions sévères sont prises contre les auteurs et les commanditaires de ces actes barbares et abjects. Sinon, la cohésion nationale est gravement compromise alors qu’elle est indispensable à la lutte acharnée que le pays mène contre les différentes forces du mal.
Tribune de Joseph Mulunda