Kinshasa, 03 octobre 2024- Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018, exprime une profonde préoccupation face à l’absence de progrès en matière de justice transitionnelle en République démocratique du Congo (RDC).
Dans son récent message intitulé « Rapport Mapping 14 ans », il explique l’inaction du gouvernement dirigé par la Première ministre Judith Suminwa, qui semble ignorer les souffrances des Congolais éprouvés par les atrocités des deux guerres du Congo. Mukwege, fervent défenseur des droits des victimes, souligne que la promesse faite par le président Félix Tshisekedi en 2020 de mettre la justice transitionnelle au cœur des priorités gouvernementales est restée lettre morte.
Le constat est amer : malgré les espoirs suscités par les déclarations du président, seules des initiatives superficielles, comme la création du Fonds national de réparations (FONAREV), ont été mises en place sans véritable efficacité. Mukwege déplore que 14 ans après la publication du rapport des Nations unies sur les violations des droits de l’homme en RDC, le processus de justice transitionnelle soit encore au point mort.
En 2022, un processus de consultation populaire a été entamé pour discuter de la justice transitionnelle, mais les résultats demeurent décevants. L’absence d’adoption d’une politique nationale de justice transitionnelle est un échec flagrant qui alimente le sentiment d’abandon chez les victimes. Mukwege insiste sur le fait que l’impunité pour les crimes passés ne fait qu’encourager la répétition des atrocités, un cycle tragique que la RDC peine à briser.
“Nous déplorons que le programme d’actions du gouvernement pour 2024-2028 ne contienne qu’une mention cosmétique à la justice transitionnelle, ce qui démontre qu’il n’y a pas une réelle volonté politique du régime en place pour faire avancer la justice transitionnelle en RDC, ce qui est très regrettable lorsque l’on sait que l’impunité pour les crimes du passé alimente la répétition des atrocités jusqu’à a ce jour”, dénonce le candidat malheureux de la présidentielle 2023.
L’absence de mention significative de la justice transitionnelle dans le programme d’actions du gouvernement pour 2024-2028 renforce l’inquiétude de Mukwege. Pour lui, cette omission témoigne d’un désintérêt flagrant pour les souffrances endurées par des milliers de Congolais. Ce constat est d’autant plus décevant pour ceux qui espéraient une véritable transformation des politiques publiques en matière de droits de l’homme.
Face à cette stagnation, Denis Mukwege ne reste pas inactif. À travers sa Fondation Panzi, il continue de soutenir les survivantes des violences sexuelles en instaurant des centres communautaires où elles peuvent acquérir des compétences professionnelles. Le dernier en date, inauguré le 30 septembre, offre des formations variées, permettant ainsi aux femmes de retrouver dignité et autonomie.