Kinshasa, 17 octobre 2024- En dépit des apparences amicales lors de leurs récentes interactions, le ministre de la Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, et les magistrats continuent de vivre une relation tendue.
Le Premier président de la Cour de cassation, Ndomba Kabeya Elie-Léon, a dénoncé les « attaques populistes »visant les magistrats lors de l’audience solennelle de la rentrée judiciaire, ce qui n’a pas tardé à susciter une réaction du ministre le lendemain. Mutamba a réaffirmé que les critiques portées à son égard ne reposent sur aucune base légale, marquant un désaccord profond sur la perception de la justice en République démocratique du Congo.
Au cours de son discours, Constant Mutamba a souligné que « la justice ne veut pas dire magistrature », marquant ainsi une séparation entre les fonctions judiciaires et les personnes qui les exercent. “La justice ne veut pas dire magistrature. C’est la confusion que l’on a entretenu pendant des années. Tous ceux qui dénoncent le discours populiste ne précisent pas quelle loi le ministre a violée. Ce sont plutôt eux qui doivent respecter la loi”, lâche-t-il.
Son appel à la responsabilité des magistrats, qu’il a qualifiés de « véreux » a révélé une volonté de réforme mais aussi une tension palpable. En évoquant des réseaux mafieux, il a insisté sur les défis éthiques auxquels le système judiciaire fait face, tout en insistant sur l’importance d’un changement de mentalité pour le bien de la nation.
“Le principe du plus fort, c’est déjà dépassé. On a le choix de rester dans le statu quo, soit de changer le pays. Si vous voulez que j’entre dans les réseaux pour martyriser notre peuple, et, nous tous, nous nous tapons des millions comme d’habitude pour construire des maisons ça et là, je ne sais pas. Lorsqu’ils se réunissent, tous ces réseaux mafieux, ils devraient avoir honte d’eux. Honte parce qu’ils ont affaire à un jeune qui a encore un sang chaud, qui ne devrait plus verser dans les anti-valeurs qu’eux. Lorsque c’est un jeune qui doit les administrer des leçons de morale et d’éthique, il y a un problème”, assène le garde des sceaux.
Les Congolais, témoins de ce débat houleux, s’interrogent sur l’avenir de leur système judiciaire. Le jeu de ping-pong entre le ministre et les magistrats soulève des inquiétudes quant à la capacité du gouvernement à instaurer une justice équitable et efficace.