Kinshasa, 28 novembre 2024- Le débat autour d’une nouvelle Constitution en République démocratique du Congo continue de diviser l’opinion publique et les acteurs politiques. Après les critiques virulentes de l’opposition, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a pris position pour défendre le projet porté par la majorité présidentielle.
Pour Augustin Kabuya, la Constitution actuelle, adoptée en 2006, ne répond plus aux besoins du pays. Il rappelle que cette loi fondamentale a déjà été modifiée, notamment en réduisant l’élection présidentielle de deux tours à un seul. “Il y a beaucoup d’anomalies qui compliquent le bon fonctionnement des institutions”, affirme-t-il, en appelant à une révision ou à un changement complet.
Le Mwana Bute du chef de l’État s’interroge sur les critiques systématiques dès qu’une réforme constitutionnelle est évoquée en RDC. “Pourquoi est-ce que réfléchir sur notre propre loi fondamentale suscite autant de réactions ?” demande-t-il, citant l’exemple du Gabon, où une révision récente n’a pas généré autant de débats.
L’épineux article 220
L’article 220, qui limite le mandat présidentiel à deux termes, est au centre des inquiétudes de l’opposition. Kabuya se veut rassurant : “Jamais le président Tshisekedi n’a évoqué une révision de cet article. Ce sont des procès d’intention.”
La majorité présidentielle reste ouverte à plusieurs options. “Le chef de l’État a évoqué soit une révision, soit un changement complet”, précise l’élu de Mont-Amba, tout en insistant sur la nécessité d’une consultation nationale avant toute décision.
Pour trancher, Kabuya privilégie un référendum populaire, conformément à l’article 218 de la Constitution. “Je préfère que le peuple règle cette affaire”, déclare-t-il, affirmant que cette démarche garantirait la légitimité de la réforme.
Depuis l’annonce de ce projet, l’opposition accuse le pouvoir de préparer un “coup d’État constitutionnel” pour permettre à Félix Tshisekedi de briguer un troisième mandat en 2028. Kabuya rejette ces affirmations, qualifiées de “mensonges montés de toutes pièces”.
Kabuya rappelle que Joseph Kabila avait modifié la Constitution en 2011 pour passer à une élection présidentielle à un seul tour. “Est-ce qu’il est encore au pouvoir aujourd’hui ? Non”, répond-il, estimant que le simple changement de texte ne garantit pas une reconduction automatique au pouvoir.
Interrogé sur les tensions potentielles au sein de la coalition présidentielle, notamment avec Vital Kamerhe, Modeste Bahati et Jean-Pierre Bemba, Kabuya minimise : “Le président de la République ne nous a jamais confié vouloir briguer un troisième mandat. Pourquoi alimenter ce débat sans fondement ?”
Face à la mobilisation de l’opposition contre le projet, l’UDPS promet de répondre par la même méthode. “Nous allons mobiliser la population pour défendre notre vision. Laissons le peuple trancher”, martèle Kabuya.
Alors que le président Tshisekedi a annoncé la création d’une commission pour réfléchir à une Constitution adaptée aux réalités congolaises, les intentions réelles de cette réforme restent floues. Kabuya appelle à un débat apaisé, fondé sur des faits, et non sur des procès d’intention.