Kinshasa, 17 décembre 2024- Ce mardi, la République Démocratique du Congo a lancé une procédure judiciaire contre les filiales d’Apple en France et en Belgique, accusant la multinationale de complicité de crimes de guerre, de blanchiment de faux et de tromperie des consommateurs. Cette plainte met en lumière le rôle des entreprises technologiques dans l’exploitation des « minerais de sang » provenant des zones en conflit à l’est de la RDC.
Selon Robert Amsterdam, avocat du cabinet Amsterdam & Partners, Apple ne pouvait ignorer que sa chaîne d’approvisionnement était « contaminée par des minerais de sang », notamment l’étain, le tantale et le tungstène. Ces minerais sont essentiels à la production de nombreux appareils électroniques comme les smartphones et tablettes, des produits phares de la firme.
Ces ressources proviennent principalement de la région du Kivu, où des groupes armés, notamment le M23 soutenu par le Rwanda, contrôlent illégalement les mines locales. Ces groupes imposent des taxes sur les activités minières, engrangeant environ 300 000 dollars par mois pour financer leurs opérations militaires, au détriment des populations civiles.
L’affaire relance le débat sur l’efficacité des systèmes de traçabilité des minerais, dont le programme Itsci, aujourd’hui contesté. Bien que ce système ait perdu sa validation auprès de l’Initiative des Minéraux Responsables (RMI), il reste utilisé par certaines entreprises comme garantie de traçabilité. La plainte contre Apple questionne la transparence des chaînes d’approvisionnement mondiales et leurs liens avec des conflits meurtriers.
En attaquant une multinationale emblématique, la RDC veut frapper fort. Me Robert Amsterdam a déclaré qu’Apple avait été choisie pour sa puissance économique et son discours écologique omniprésent : « Apple est l’une des cibles les plus symboliques en raison de sa communication sur le thème ‘nous faisons du bien à la planète’ ». Si ce procès aboutit, il pourrait ouvrir la voie à des poursuites similaires contre d’autres géants de la technologie, responsables, selon Kinshasa, d’alimenter indirectement les conflits en RDC.