Kinshasa, 05 février 2025- La Cour pénale internationale (CPI) intensifie ses efforts pour enquêter sur les crimes de guerre commis dans l’Est de la RDC. Ce mercredi, elle a lancé un appel pressant à la collecte et à la transmission d’informations concernant les exactions perpétrées par les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise. Cette initiative intervient alors que l’ONU estime à près de 3 000 le nombre de victimes civiles à Goma, lors de l’offensive des Forces rwandaises de défense (RDF) et du M23.
Dans un communiqué officiel, la CPI a affirmé que les événements tragiques survenus à Goma et ses environs relèvent de l’enquête en cours menée par son procureur. Ce dernier s’est engagé à poursuivre toutes les personnes impliquées dans ces crimes, quelle que soit leur affiliation ou leur nationalité. La juridiction internationale entend démontrer que nul ne peut échapper à la justice, qu’il s’agisse de responsables militaires, politiques ou d’exécutants.
Le bureau du procureur de la CPI suit de près la détérioration de la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu, marquée par une recrudescence de la violence ces dernières semaines. “Des sources crédibles indiquent que des milliers de personnes ont été blessées et des centaines tuées, y compris des civils et des soldats de la paix”, souligne le communiqué. Face à ces atrocités, la CPI appelle toutes les parties concernées – victimes, témoins, organisations de la société civile, journalistes et autorités nationales – à lui fournir toute preuve susceptible d’étayer l’enquête.
En octobre 2024, le procureur de la CPI, Karim AA Khan KC, avait déjà annoncé un renouvellement des efforts d’investigation sur les crimes commis en RDC. Son bureau s’est fixé comme priorité l’analyse des violations du Statut de Rome perpétrées au Nord-Kivu depuis le 1ᵉʳ janvier 2022. L’institution affirme que cette enquête est menée avec la plus grande urgence, en réponse aux souffrances des populations locales.
Les accusations contre les rebelles du M23 et l’armée rwandaise sont particulièrement graves. Selon les Nations unies, ces groupes armés sont impliqués dans des attaques ciblées contre les soldats de la paix, le recrutement forcé d’enfants et des violences sexuelles systématiques. Ces crimes de guerre, qui rappellent les heures sombres de l’histoire congolaise, nécessitent une réponse judiciaire ferme et coordonnée.
La CPI a également insisté sur la nécessité de protéger les victimes et témoins qui accepteraient de témoigner. Dans un contexte où les représailles sont fréquentes, garantir la sécurité de ceux qui osent briser le silence est un défi majeur. L’organisation promet d’employer tous les moyens disponibles pour assurer leur protection et permettre l’établissement de la vérité.
Alors que la communauté internationale condamne l’agression rwandaise en RDC, la question des sanctions et des poursuites judiciaires reste cruciale. L’appel de la CPI marque une étape décisive vers la reconnaissance et la répression des crimes commis. Reste à savoir si les États et institutions concernées répondront à cette exigence de justice, pour que les responsables soient enfin traduits devant les tribunaux internationaux.