Kinshasa, 12 mars 2025- Les discussions autour d’un possible accord stratégique entre la RDC et les États-Unis, baptisé « minerais contre sécurité », suscitent de vives réactions. L’ONG Justicia ASBL a exprimé ses inquiétudes à travers un communiqué publié mardi, exhortant les autorités congolaises à agir dans l’intérêt général et à garantir une gestion responsable des ressources minières.
Selon Maître Timothée Mbuya, président de Justicia ASBL, la signature d’un tel accord ne saurait être bénéfique au peuple congolais sans une réforme en profondeur de la gouvernance minière. “Sans une véritable lutte contre la corruption, le trafic d’influence exercé par certaines personnalités politiques ou membres de la famille présidentielle, et sans l’application de sanctions contre les réseaux mafieux nationaux et étrangers, aucun accord minier ne servira réellement les intérêts du peuple congolais”, avertit l’ONG.
Le communiqué dénonce également la corruption endémique qui gangrène le secteur minier, facilitant le pillage des ressources naturelles et favorisant les activités illégales. Justicia ASBL pointe du doigt la présence d’éléments militaires non autorisés sur des sites d’exploitation attribués à des investisseurs étrangers, en particulier dans le Haut-Katanga et le Lualaba, riches en cuivre et cobalt.
Dans l’Est de la RDC, où sévissent de nombreux groupes armés, l’exploitation illicite des minerais alimente l’insécurité persistante. L’ONG rappelle que les ressources naturelles du pays ne doivent pas financer la guerre, mais contribuer au développement et au bien-être des populations.
Face à ces défis, Justicia ASBL prévient que tout accord avec les États-Unis doit impérativement respecter trois principes fondamentaux : le respect des lois congolaises, notamment l’interdiction des contrats d’exclusivité dans le secteur minier ; une validation par l’Assemblée nationale, afin d’éviter toute opacité ; et une transparence totale, avec une consultation des communautés locales et de la société civile.
L’ONG met également en garde contre toute tentative de contournement du cadre légal. Elle exhorte les organisations de la société civile à rejeter tout contrat qui ne garantirait pas des bénéfices équitables pour la population congolaise.
Ce projet d’accord intervient dans un contexte de crise sécuritaire aiguë. L’Est du pays est en proie à une escalade des violences, notamment avec la rébellion du M23/AFC, soutenue par le Rwanda. Si cet accord venait à être signé, il pourrait représenter un levier stratégique pour Kinshasa afin d’obtenir un soutien militaire américain dans la lutte contre les groupes armés.
Toutefois, Justicia ASBL insiste sur un point essentiel : cet accord ne doit pas uniquement servir des intérêts géopolitiques, mais bien contribuer au développement durable du pays et à l’amélioration des conditions de vie des Congolais. Dans un pays où les richesses du sous-sol ont trop souvent profité à des intérêts étrangers ou privés, l’heure est à la vigilance.