Kinshasa, 08 avril 2025- L’ancien président Joseph Kabila s’apprête à faire un retour très remarqué en RDC, après des années d’un exil discret entre Kigali et Kampala. Un retour qui ne relève pas simplement de l’ordre privé : il est lourd de symboles, de soupçons et de spéculations, dans un contexte politique et sécuritaire particulièrement tendu.
L’Est du pays, et notamment Goma par où il compte rentrer, est aujourd’hui l’épicentre des tensions avec la rébellion du M23, un groupe armé dont le nom est de plus en plus associé au sien. Le timing, tout sauf anodin, soulève d’emblée des interrogations : Kabila cherche-t-il à reprendre la main dans une région en crise, ou à se défendre face aux accusations croissantes qui l’encerclent ?
Le ministre Constant Mutamba n’y va pas par quatre chemins : selon lui, des enquêtes sont en cours pour établir les responsabilités de Kabila dans la résurgence du M23. Une déclaration qui jette une ombre judiciaire sur ce retour. “Nul n’est au-dessus de la loi”, a-t-il martelé, laissant entendre que l’ancien président pourrait ne pas être accueilli simplement comme un citoyen lambda.
Depuis qu’il a quitté le pouvoir en 2019, Joseph Kabila s’était muré dans le silence, entretenant le mystère sur ses intentions politiques. Son retour pourrait marquer la fin d’une posture d’observateur et la reprise d’un rôle actif dans un paysage politique qu’il n’a jamais totalement quitté via le FCC, sa plateforme politique.
Mais ce come-back, aussi discret soit-il sur la forme, pourrait bien provoquer des remous majeurs. Alors que le pays tente de tourner la page d’un scrutin contesté et que l’Est reste à feu et à sang, l’ombre de Kabila redevient une pièce centrale du jeu politique congolais — pour le meilleur ou pour le pire.