Kinshasa, 16 avril 2025- Une nouvelle enquête de Global Witness vient jeter un pavé dans la mare : des tonnes de coltan, extrait illégalement en RDC par des milices armées, seraient blanchies via le Rwanda avec la complicité d’entreprises européennes. Au cœur du scandale : Traxys, géant luxembourgeois du négoce de minerais.
En 2024, Traxys a importé 280 tonnes de coltan depuis le Rwanda grâce à un partenariat exclusif avec African Panther. Problème : cet exportateur rwandais est accusé de recycler du minerai extrait par la milice M23, connue pour ses exactions dans l’est du Congo.
La mine de Rubaya, source principale de ce coltan, est tenue par le M23. Ce seul site représente 15 % de la production mondiale, selon l’ONU. Chaque mois, près de 120 tonnes y transiteraient illégalement vers le Rwanda, effaçant toute traçabilité.
Traxys affirme respecter toutes les normes de diligence. Pourtant, l’enquête révèle que l’entreprise se serait appuyée sur un système opaque pour dissimuler l’origine réelle du minerai, camouflant ainsi un commerce qui finance des crimes de guerre.
Ce qui choque davantage, c’est la posture de l’Union européenne. Alors même que ce système était dénoncé, Bruxelles signait un partenariat stratégique avec le Rwanda, débloquant 900 millions d’euros d’aide et de coopération.
Malgré les mises en garde répétées des ONG et de l’ONU, aucune sanction sérieuse n’a été imposée à Kigali. Une inaction qui nourrit les soupçons de complicité passive et alimente la colère des défenseurs des droits humains.
Derrière l’ambition mondiale d’une transition numérique et énergétique se cache une réalité brutale : les minerais qui alimentent nos batteries, nos smartphones et nos infrastructures vertes proviennent souvent de zones ravagées par la guerre. L’affaire Traxys met en lumière l’hypocrisie d’un modèle qui prône la durabilité tout en fermant les yeux sur l’exploitation humaine.
À l’heure où l’Union européenne prône les droits humains et la responsabilité écologique, cette affaire agit comme un miroir brutal. Peut-elle encore se targuer de ses valeurs si elle ferme les yeux sur les crimes commis au nom du progrès technologique ?