Kinshasa, 07 mai 2025- La tension était palpable ce mercredi à l’Assemblée nationale lorsque la question sensible des immunités parlementaires de l’honorable Matata Ponyo est revenue au cœur des échanges.
C’est le député Alfred Dibandi qui a lancé la charge en introduisant une motion incidentielle, appelant Vital Kamerhe à saisir d’autres institutions de la République pour défendre le Parlement. “Cette situation expose le député”, a-t-il martelé, appelant à une réponse ferme face à ce qu’il considère comme une violation flagrante des prérogatives parlementaires.
Face à cette interpellation, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a pris acte de l’inquiétude. Il a assuré avoir prévu une rencontre avec le président de la Cour constitutionnelle, Dieudonné Kamuleta, restée sans suite. Kamerhe a promis d’aller à sa rencontre. “Le Président de la Cour constitutionnelle devait me rencontrer, il ne l’a pas fait. Moi je vais partir vers lui. Il peut au-delà de sa lettre me fournir d’autres explications pour que je comprenne comment la Cour constitutionnelle peut bypasser les immunités de l’honorable Matata”, fait-il savoir.
Pour renforcer son propos, le speaker de la chambre basse a rappelé des précédents judiciaires pour asseoir la position du parlement. “Vous vous souviendrez que quand Salomon Kalonda avait été arrêté à la Haute Cour militaire, une fois que son mandat de sénateur avait été validé, la Haute Cour s’était automatiquement déclarée incompétente…”, a-t-il illustré. Il a même évoqué le cas de l’ancien président américain Donald Trump, soulignant l’importance de respecter les statuts d’élus.
Nombreux sont les députés qui ont applaudi cette posture, exprimant leur ferme soutien à la défense des immunités parlementaires. Le climat général dans la salle traduisait une volonté claire de protéger Matata Ponyo face à ce que certains ont qualifié de « glissement judiciaire ». Le parlement, ont-ils rappelé, reste une institution souveraine dont les membres doivent être protégés dans l’exercice de leur mandat.
Mais tous n’étaient pas du même avis. Le député UDPS Daniel Aselo s’est distingué en appelant Kamerhe à plus de prudence. Selon lui, “Kamerhe, en tant que président d’une institution, ne pouvait pas se mêler dans la situation Matata et la Justice”. Il l’a invité à s’en remettre aux avis des juristes du bureau ou d’experts extérieurs pour éviter toute immixtion malvenue.