Kinshasa, 11 mai 2025- L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/Tshisekedi) vit l’un des épisodes les plus critiques de son histoire récente. Ce dimanche, Augustin Kabuya, figure emblématique du parti, a convoqué une réunion stratégique avec les députés nationaux à l’hôtel Kempinski, malgré sa destitution contestée par les instances officielles du parti. Ce geste, loin d’apaiser les tensions, vient raviver une querelle de leadership qui fragilise le socle même de la majorité présidentielle.
Dans un communiqué diffusé quelques heures après l’invitation de Kabuya, Déogratias Bizibu, désigné secrétaire général intérimaire depuis août 2024, a rappelé que l’ancien bras droit du président Tshisekedi n’a plus qualité pour parler au nom de l’UDPS. Il évoque une « usurpation de pouvoirs » et appelle à des sanctions disciplinaires à son encontre. Le bureau de la Convention démocratique du parti (CDP) est ainsi saisi pour trancher cette nouvelle escalade.
La crise remonte à la décision de la CDP de limoger Kabuya, décision qu’il conteste farouchement, dénonçant une procédure irrégulière et une volonté de l’écarter politiquement. Depuis, le parti se retrouve scindé en deux camps, avec des affrontements verbaux, et parfois physiques entre militants, comme en août dernier au Palais du Peuple. Cette fracture laisse entrevoir une UDPS profondément divisée, en dépit des tentatives de médiation interne.
Face à cette guerre d’influence, le chef de l’État Félix Tshisekedi adopte une posture de recul. En août dernier, il avait qualifié les tensions internes de simple « vitalité démocratique », balayant d’un revers de main les appels à un arbitrage clair. Mais pour les observateurs politiques, ce silence prolongé commence à peser lourdement sur l’image d’un parti censé incarner la stabilité au cœur des institutions.
La réunion de ce dimanche pourrait cristalliser les clivages ou, à l’inverse, servir de tremplin à une nouvelle recomposition interne. Dans tous les cas, l’UDPS joue gros. Car au-delà des querelles de personnes, c’est la cohésion du parti présidentiel qui est mise à l’épreuve dans un contexte politique où l’unité est plus que jamais nécessaire.