Kinshasa, 21 mai 2025- Le débat autour de la légitimité et de la durée du mandat présidentiel de Félix Tshisekedi prend une nouvelle dimension en RDC. L’ancien ministre du Développement rural, François Rubota Masumbuko, interpelle la classe politique et le monde scientifique congolais, en les appelant à envisager sérieusement l’arrêt du décompte du mandat actuel du chef de l’État.
À en croire François Rubota, les deux mandats du Président Tshisekedi ont été profondément perturbés. Il attribue cette instabilité à deux facteurs majeurs. D’une part, la cohabitation conflictuelle entre les plateformes FCC et CACH au cours de la première mandature, et d’autre part, l’insécurité persistante dans l’Est du pays, alimentée par la rébellion du M23/AFC avec le soutien actif du Rwanda.
Dans une tribune de presse, l’ancien ministre soutient que le président Tshisekedi n’a pas bénéficié de conditions normales pour gouverner. Il parle de “mandats sabotés” et s’appuie sur des faits qu’il qualifie de vérifiables, comme l’agression militaire extérieure, pour justifier sa position. Pour lui, ces circonstances exceptionnelles ont empêché le chef de l’État de concrétiser pleinement sa vision d’un Congo uni et prospère.
Pour illustrer sa démarche, Rubota évoque le cas de l’Ukraine, où les élections ont été suspendues en raison de l’invasion russe. Il estime qu’il ne s’agit pas là d’une entorse à la démocratie, mais d’un ajustement logique en temps de guerre. Il appelle donc à ouvrir un débat rationnel sur la possibilité d’interrompre le cours normal du mandat présidentiel en RDC, sans que cela ne soit perçu comme un sujet tabou.
Tout en réaffirmant son attachement aux principes démocratiques, notamment les élections libres, pluralisme politique, liberté de la presse et indépendance de la justice, François Rubota insiste sur un point capital. Pour lui, la démocratie ne peut s’épanouir sans un minimum de sécurité. À ses yeux, cette sécurité ne peut reposer uniquement sur des accords, mais doit être imposée par la force légitime de l’État.
Il conclut en rappelant les échecs retentissants des accords de Sun City et de Pretoria en 2002, censés ramener une paix durable en RDC. Il met en garde contre une illusion de règlement par la diplomatie seule, et invite à ne pas se bercer d’illusions à travers les pourparlers menés actuellement à Doha, Washington, Luanda, Lomé ou encore Nairobi.