Kinshasa, 3 juin 2025- Le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, a annoncé ce mardi aux journalistes et responsables des médias, l’interdiction de traiter toute actualité liée au Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) ainsi que de relayer les propos ou interventions de l’ancien président Joseph Kabila.
« À partir d’aujourd’hui, il est formellement interdit aux journalistes et aux acteurs des médias, y compris sur les réseaux sociaux, de diffuser ou commenter les sujets en rapport avec le PPRD. Il leur est également interdit d’inviter ses représentants ou de diffuser les déclarations de l’ancien président Joseph Kabila. Cette décision, que j’ai jugé important d’annoncer ici, ne constitue pas une censure. Aucun droit n’a été bafoué. Les médias ne doivent pas devenir des vecteurs de subversion », a-t-il déclaré sur les ondes de Top Congo FM.
Cette directive intervient alors que l’ancien chef de l’État s’est récemment illustré par un discours prononcé à Goma, critique envers la gouvernance actuelle. Dans cette allocution, Joseph Kabila a dressé un constat alarmant de la situation nationale et appelé à un « pacte citoyen » pour restaurer l’ordre démocratique en République Démocratique du Congo.
En réaction, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a minimisé l’impact de ces propos. Il a qualifié Joseph Kabila d’homme « appartenant au passé » et a dénoncé ce qu’il perçoit comme des incohérences dans ses récentes interventions publiques. « Le peuple congolais a déjà exprimé sa position sur les réseaux sociaux. Le président Kabila, aujourd’hui, ne représente plus une option d’avenir », a-t-il affirmé.
Le ministre a tenu à rappeler que le gouvernement est focalisé sur les besoins actuels de la population, évoquant notamment les efforts pour améliorer la situation sécuritaire dans l’Est et les ajustements budgétaires en cours.
Cette interdiction de couverture médiatique intervient également dans un climat politique tendu, marqué par la récente levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila par le Sénat, à la suite d’un réquisitoire de l’auditeur général des FARDC. Cette décision ouvre potentiellement la voie à des poursuites pour complicité présumée avec la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda.