Kinshasa, 20 juin 2025- Depuis plus de trois ans, l’est de la RDC vit sous l’occupation partielle des rebelles de l’AFC/M23, appuyés par des forces étrangères, notamment l’armée rwandaise. Dans les territoires contrôlés, les populations vivent dans l’isolement, loin du reste du pays, dans un climat d’indifférence inquiétant, presque banalisé. Une réalité alarmante dénoncée par le Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSA), à l’issue de sa plénière tenue le jeudi dernier.
Le CNSA tire la sonnette d’alarme sur le danger d’une accoutumance collective à cette occupation. Il craint qu’en l’absence d’un sursaut national, cette guerre ne s’inscrive dans la durée, consolidant un processus de balkanisation insidieuse du territoire congolais. Une balkanisation “muette, pernicieuse et commode”, alerte le communiqué de l’institution, qui appelle à une mobilisation générale des forces politiques et sociales du pays.
Pour y parvenir, le CNSA recommande l’organisation urgente d’un dialogue national inclusif, destiné à unir les Congolais face à la déstabilisation. Ce dialogue, estime l’organe, doit inclure l’actuel président Félix Tshisekedi, son prédécesseur Joseph Kabila, ainsi que les autres figures majeures de la scène politique, y compris celles vivant en exil. À cette fin, Joseph Olenghankoy Mukundji, président du CNSA, a été mandaté pour initier les démarches de rapprochement nécessaires.
“Le CNSA charge son Président (…) d’engager toute démarche en vue de faciliter la réunion des conditions qui favorisent la réalisation du dialogue”, précise le communiqué, remerciant au passage les partenaires internationaux — ONU, Union Africaine, Union Européenne, États-Unis, Qatar pour leur appui constant à la paix en RDC.
L’organe souligne également les efforts diplomatiques du président Tshisekedi, qui a engagé des discussions à Doha et à Washington pour tenter un règlement négocié du conflit, notamment avec le Rwanda et les représentants de l’AFC/M23. Des efforts jugés encourageants, mais insuffisants sans implication interne.
Dans cette dynamique de paix, les Églises catholique (CENCO) et protestante (ECC) ont également relancé leur projet commun. “Le pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs”. Cette initiative vise à mobiliser les populations et les institutions dans une logique de réconciliation et de stabilité, en prenant en compte toutes les parties, y compris les groupes armés coalisés avec des puissances étrangères.
Les autorités congolaises, en revanche, semblent privilégier les initiatives de paix à l’international, souvent au détriment du dialogue interne. Certains proches du régime estiment que l’implication directe des Églises dans le champ politique n’est pas opportune. Pourtant, du côté de Joseph Kabila, des signaux d’ouverture sont lancés. L’ancien président envisage un retour à Goma, ville sous contrôle de la rébellion, comme un geste symbolique dans la quête de solutions congolaises à une crise devenue endémique.