Kinshasa, 26 juin 2025- La récente décision du gouvernement congolais d’ouvrir 52 nouveaux blocs pétroliers dans le bassin du Congo continue de faire polémique. Dans un communiqué publié cette semaine, la coalition « Notre Terre Sans Pétrole », forte de 176 organisations locales et internationales, monte au créneau contre cette initiative jugée catastrophique pour l’environnement. Pour ces défenseurs du climat, cette mesure va à l’encontre des engagements de la RDC en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Officiellement annoncée le 2 mai dernier, cette relance de l’exploration pétrolière concerne des zones écologiquement sensibles, notamment dans la cuvette centrale, reconnue pour sa biodiversité exceptionnelle. La coalition ne mâche pas ses mots, elle qualifie ce choix de « totalement incohérent » et « intolérable » pour un pays qui souhaite être un leader climatique sur le continent.
“Encore un risque environnemental énorme, alors que justement, il y a des alternatives vertes à capitaliser”, déplore Emmanuel Moussouyou, membre de l’ONG Corap et porte-voix de la coalition. À ses yeux, la RDC néglige un potentiel énergétique propre et durable pour céder aux sirènes du pétrole.
D’après lui, le pays dispose de plus de 100 000 mégawatts de potentiel hydroélectrique inexploité, en plus d’un ensoleillement abondant. Autant d’atouts pour miser sur une transition énergétique verte. “Ce serait positif pour tout le pays. Nous avons les moyens de bâtir une économie énergétique propre, sans hypothéquer notre environnement”, insiste Moussouyou.
Outre les risques écologiques, la coalition met aussi en doute les retombées concrètes de l’exploitation pétrolière sur les communautés locales. En prenant l’exemple de Muanda, exploitée depuis plus de trente ans, Moussouyou soulève un paradoxe criant : “Cela fait plus de trente ans que nous exploitons du pétrole à Muanda. Aujourd’hui, près de 95 % de la population n’a pas d’emploi. Où sont les bénéfices promis ?”
Dans le cadre d’une campagne nationale de sensibilisation, la coalition entend faire entendre la voix des populations affectées. Son objectif est de peser sur les décisions politiques et obtenir un moratoire sur ces projets jugés nuisibles pour l’environnement et déconnectés des besoins réels des Congolais.