Kinshasa, 28 juin 2025- La signature, vendredi à Washington, d’un accord de paix entre Kigali et Kinshasa, censé mettre un terme à des décennies de conflits dans la région des Grands Lacs, ne fait pas l’unanimité. Si certains saluent une avancée diplomatique, d’autres, comme le juriste et libre penseur Claude Baziluka, dénoncent un accord à forte connotation économique, voire mercantile.
Dans une déclaration exclusive accordée à Enquete.cd, Claude Baziluka estime que cet accord tripartite entre la RDC, le Rwanda et les États-Unis repose essentiellement sur des enjeux commerciaux.
“Il ne pouvait en être autrement dans la mesure où le Rwanda n’est pas en situation de belligérance avec la RDC. Pour rappel, la RDC n’a jamais déclaré la guerre au Rwanda. Cet accord commercial instaure un triangle économique : RDC, Rwanda et USA. Les minerais congolais transiteront par le Rwanda, y seront raffinés, avant d’être revendus à des sociétés américaines ou autres. C’est la reprise des accords de 2021 entre le président Tshisekedi et le président Kagame. BIFORT l’avait aussi dit”, a-t-il expliqué.
Selon lui, loin de rompre avec le passé, cet accord vient conforter la position du Rwanda dans l’exportation des ressources congolaises. “Le président Félix Tshisekedi a sanctifié publiquement le Rwanda. Il lui confère le rôle d’intermédiaire officiel dans la chaîne d’exportation de nos minerais”, a-t-il dénoncé.
Au cœur de cette entente figure une volonté affichée d’intégration économique régionale, notamment autour de l’exploitation minière. La coopération prévue entre les trois parties s’appuie sur la transformation locale des matières premières, mais en grande partie depuis le Rwanda.
La République démocratique du Congo, détentrice de vastes réserves de cobalt, de coltan et de cuivre – des minerais stratégiques indispensables à la fabrication des batteries, téléphones intelligents, véhicules électriques et technologies vertes ; voit ainsi ses ressources réorientées sous une gouvernance partagée qui continue de faire débat.