Kinshasa, 30 juin 2025- À l’occasion de la célébration du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo, l’opposant Martin Fayulu s’est exprimé dans une adresse politique marquante. Prenant acte de l’accord de paix signé le 27 juin à Washington entre la RDC et le Rwanda, il a néanmoins estimé que cet engagement ne saurait être suffisant sans une véritable dynamique de dialogue national.
“Nous prenons acte de la dynamique positive que [cet accord] peut enclencher”, a-t-il déclaré, tout en reconnaissant ses limites. Pour l’opposant, cet accord, bien qu’« imperfectible », représente une opportunité d’apaisement, mais ne saurait remplacer « la volonté résolue d’un peuple à défendre sa terre, à reconstruire ses institutions et à tenir debout ».
L’ancien candidat à la présidentielle a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de veiller à l’application effective de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a dénoncé ce qu’il considère comme une falsification des responsabilités. “La question des FDLR […] ne doit pas être indéfiniment imputée au Congo. […] L’agression que subit la RDC ne peut être maquillée sous l’expression de mesures de défense”, a-t-il soulevé.
Dressant un sombre tableau sécuritaire, Martin Fayulu a énuméré les provinces sous menace. “Plus de 100 localités, y compris des villes majeures comme Goma et Bukavu, sont tombées entre les mains des groupes armés. Le M23 et l’AFC, avec le soutien du Rwanda, terrorisent nos provinces du Kivu. Les ADF sèment l’horreur au Nord-Kivu. L’Ituri connaît l’occupation de certaines zones par l’armée ougandaise. Et dans le Bandundu, aux portes de Kinshasa, la milice Mobondo fait régner la terreur”, a-t-il décrié.
L’opposant a également souligné l’ampleur de la crise humanitaire. “Plus de 25 millions de nos concitoyens ont besoin d’assistance, plus de 2 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë, près de 7 millions de Congolais sont déplacés internes, exilés sur leur propre terre”, a-t-il plaidé. Il a pointé du doigt une « culture du déni et du rejet des responsabilités » au sein de la classe dirigeante.
Dans un ton plus grave, le président de l’ECiDé a invoqué l’article 63 de la Constitution pour rappeler le devoir de chaque citoyen face à l’agression extérieure. “Ce moment exige un sursaut. Il est temps de répondre à l’appel de la patrie, pas à celui des intérêts égoïstes”, a-t-il affirmé.
Souhaitant aller au-delà de la simple dénonciation, il a proposé “l’organisation sans délai d’un dialogue national inclusif entre Congolaises et Congolais, sous la médiation de nos pères spirituels, pour penser nos plaies, dire nos vérités et reconstruire la confiance”. Un processus qu’il veut basé sur « l’État de droit, une armée forte, la cohésion nationale et une gouvernance intègre ».
Enfin, Martin Fayulu a révélé avoir rencontré Félix Tshisekedi le 5 juin dernier et avoir engagé des échanges avec d’autres leaders politiques, exprimant son désir de continuer sur cette voie. “L’heure ne plaît pas aux antagonismes stériles, mais à la réconciliation et à la cohésion nationale”, a-t-il insisté, concluant par un appel vibrant : “Ne trahissons pas notre histoire. Ne trahissons pas notre peuple. Ne trahissons pas l’espérance.”