Kinshasa, 21 juillet 2025- La ville de Lubumbashi vit un épisode qui relance le débat sur la gouvernance locale et le respect des textes. En nommant Patrick Kafwimbi au poste de maire intérimaire, le Vice-Premier Ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, semblait court-circuiter la procédure légale, alors que la loi confiait déjà cette charge à Joyce Tunda maire adjointe, depuis l’élection du maire titulaire au poste de vice-gouverneur en 2024.
Un passage en force annulé par le Conseil d’État
Dans sa décision rendue le 10 juillet 2025 par la section du contentieux, du Conseil d’État, Joyce Tunda a été rétablie à son poste de maire Aï.
Dans sa requête, Joyce Tunda avait sollicité la suspension de l’arrêté signé par le VPM en charge de l’intérieur, estimant qu’il viole les dispositions légales encadrant la désignation des autorités urbaines. Selon la requérante, l’arrêté contesté remet en cause ses fonctions, sans respecter la procédure légale prévue dans les dispositions légales. Qui précisent que les autorités locales, dont le maire, doivent être nommées par ordonnance présidentielle, sur proposition du ministre de l’Intérieur, et non par un simple arrêté.
La légalité avant les arrangements politiques
L’affaire met en lumière un mal récurrent dans la gestion des institutions locales, la tentation de contourner les règles au profit d’intérêts politiques immédiats. Même si certains s’attaquent à l’action de Joyce Tunda d’aller en justice contre Kafwimi tous deux du même parti, l’UDPS, le Conseil d’État rappelle à tous les acteurs que le droit doit rester la boussole de toute action publique.
Un enjeu au-delà des querelles partisanes
Une question persiste désormais, que deviendra Patrick Kafwimbi ? Comme Tunda et Jacquemin Shabani, il est membre de l’UDPS, le parti au pouvoir. Mais cette affaire dépasse le cadre d’un simple différend entre camarades politiques. Elle doit être l’occasion d’un retour à la discipline institutionnelle.
Selon certaines langues, Maitre Kafwimbi doit, sans polémique ni posture victimaire, regagner ses fonctions antérieures et attendre, le moment venu, une opportunité conforme aux règles.
Travailler, pas triompher
La décision du Conseil d’État ne doit pas être perçue comme une victoire personnelle ni devenir un prétexte à des règlements de comptes politiques pour Mme Joyce Tunda ou ses partisans. Sa réintégration à la tête de la mairie doit être l’occasion de tourner la page des querelles d’intérim pour se concentrer sur l’essentiel, la gestion quotidienne de la ville.
Lubumbashi traverse une période difficile. Les défis sont nombreux, l’insécurité progresse, le chômage des jeunes explose, les infrastructures de base se dégradent. La ville est aussi confrontée à une insalubrité chronique, avec des caniveaux bouchés, des ordures qui s’amoncellent et des marchés transformés en décharges à ciel ouvert.
À cela s’ajoutent les embouteillages récurrents, résultat d’un urbanisme désordonné et d’une circulation anarchique qui paralyse chaque jour les artères principales de la ville. Ces problèmes exigent des solutions urgentes, des politiques concrètes et un leadership orienté vers le bien-être collectif, pas vers les luttes d’influence.
Le temps des réjouissances politiciennes est révolu. Ce n’est ni dans les meetings de remerciement ni dans les démonstrations de force sur les réseaux sociaux que se mesurera désormais l’action municipale, mais dans la capacité à rétablir l’ordre urbain, à assainir la ville et à fluidifier la circulation.
Reprendre le fauteuil de maire intérimaire est une responsabilité exigeante, qui appelle à l’humilité et au travail acharné. Lubumbashi a besoin d’une administration sobre, efficace et résolument tournée vers les problèmes réels des Lushois.
Lubumbashi mérite mieux que des luttes de pouvoir
Aux communautés socioculturelles et aux partis politiques, le message est clair, la gestion de la cité doit rester un exercice administratif et juridique, non un terrain de compétition pour des intérêts communautaires ou partisans.
Deuxième ville du pays et moteur économique national, Lubumbashi mérite mieux que des querelles de positionnement. Ce rappel à l’ordre du Conseil d’État devrait marquer un tournant, celui du respect des textes et de la coopération institutionnelle, pour que l’administration serve enfin le citoyen et non les intérêts de clans.
Un intérim en attendant une décision définitive
Il est important de rappeler que la décision du Conseil d’État ne règle pas définitivement la question de la gestion de la mairie de Lubumbashi. Joyce Tunda reprend les rênes en tant que maire intérimaire, mais cette situation reste transitoire.
En effet, la nomination d’un maire définitif relève du Chef de l’État, soit directement par ordonnance présidentielle, soit par transfert formel de pouvoir au Vice-Premier Ministre de l’Intérieur pour organiser cette désignation. Une autre option reste aussi possible, celle d’une nouvelle élection locale, si les autorités compétentes choisissent cette voie.
Dans tous les cas, l’intérim qui sera assuré par Tunda ne signifie pas une victoire politique, mais une mission temporaire dictée par la loi et le bon fonctionnement de l’administration municipale en attendant la décision finale des instances habilitées.