Kinshasa, 13 Septembre 2023 – En RDC, à trois mois des élections générales des doutes persistants émergent quant à la tenue de cet événement crucial pour le pays. Même au sein de la majorité au pouvoir, connue sous le nom de “Union sacrée”, certains commencent à s’interroger sur la faisabilité de cette échéance. Ces inquiétudes, qui se manifestent au niveau de la qualité des cartes d’électeurs, soulignent l’existence d’un réel problème.
Plusieurs signaux révélateurs, que la propagande en place préfère ignorer, indiquent que les affiches grandioses et les discours promouvant un deuxième mandat ne suffisent plus à maintenir la machine en marche. La simple mécanique partisane ne sera pas suffisante pour faire avancer le train des élections jusqu’à sa destination finale. Même si le train partait effectivement, il faudrait s’assurer que les rails sont en place sur l’ensemble du parcours, jusqu’au bout.
Il est essentiel de comprendre que partir n’est qu’une étape, mais arriver à bon port en est une autre. Même si le train est prêt à embarquer des passagers dans ses wagons de luxe, il risque d’abandonner ceux qui devraient normalement être présents. Cette difficulté réside dans le fait que le train accueille des clients sans titre ni qualité, tandis qu’il laisse les véritables passagers sur le quai.
On peut facilement imaginer le chaos qui accompagne la ruée des fraudeurs dans une gare populaire, où marchandises, passagers et toutes sortes de cargaisons s’entassent sans distinction.
Pendant cette période qui nous sépare de la date prévue des élections, de nombreux défis se dressent sur le chemin. L’évaluation de l’état d’urgence, la situation sécuritaire précaire, la présence de Bunagana et Rutshuru sous l’influence du Rwanda, la dérive totalitaire du régime avec des meurtres et des arrestations arbitraires de voix discordantes, ainsi que le coût de la vie élevé et la précarité quotidienne, sont autant de signes indiquant que même les infrastructures nécessaires pour les élections sont inachevées.
Face à cette situation où la lisibilité et la visibilité font défaut, quel conducteur oserait prendre les commandes de la machine et risquer de partir, sinon pour se condamner à l’échec ? Lorsque la situation manque de clarté, il est nécessaire de faire une pause, de s’asseoir, d’inviter, de convoquer, de discuter pour comprendre avant de reprendre la route.
Surtout dans un pays où personne ne possède des parts. Il suffit de faire preuve de courage, d’humilité et de ne pas prêter l’oreille aux flatteurs et aux courtisans. Écoutons plutôt le véritable pays profond, qui ne correspond pas à nos égos surdimensionnés.
Il est primordial de comprendre que même si les élections étaient remportées de manière confortable, elles ne résoudraient pas à elles seules la question de l’intégrité territoriale, qui est actuellement compromise. Le pays a besoin d’une réflexion approfondie et de mesures concrètes pour reconstruire ses fondations, avant de se lancer dans des élections incertaines qui risqueraient de conduire à une impasse.
Nicolas Kayembe