Kinshasa, 29 juin 2024- Au lendemain de la prise de la commune rurale de Kanyabayonga par les rebelles du M23, la cité s’est presque vidée de ses habitants, confirmant une situation alarmante.
Selon la société civile locale et l’administrateur du territoire de Lubero, seulement entre 5 et 10% des habitants y résident encore. La sécurité dans le sud du territoire de Lubero reste préoccupante, comme l’indique le colonel Alain Kiwewa, l’administrateur de territoire, qui observe un afflux massif de déplacés vers des zones plus sûres, tandis que la population restant à Kanyabayonga ne représenterait qu’une fraction de sa capacité normale.
“La situation sécuritaire est devenue inquiétante dans le sud de Lubero, au moment où nous sommes en train d’échanger{ndlr Samedi }, il y a tout un afflux des déplacés vers les zones plus sécurisées en provenance de Kanyabayonga, en provenance de Miriki et également de Luofu. Au moment où nous parlons la commune rurale de Kayna et de Kirumba sont vraiment saturées par les déplacés de guerre. Certains même traversent pour aller à Butembo. En ce qui concerne la population qui est restée à Kanyabayonga, je peux estimer à dix pour cent”, confie-t-il.
Face à cette crise humanitaire en cours, l’administrateur du territoire de Lubero appelle la population à rester calme et à faire confiance à l’armée. L’occupation de Kanyabayonga par le M23 a plongé la population locale, y compris les déplacés venus de Rutsuru, dans une situation de double détresse, les contraignant à fuir une fois de plus à la recherche d’un refuge sûr.
Gervais Balikwisha, un déplacé de guerre, témoigne du calvaire quotidien vécu par ces personnes en fuite, soulignant la souffrance des enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées sur la route de l’exode. “Nous traversons un moment difficile de notre vie. On fuit chaque jour. Jusqu’où nous allons nous arrêter. Les uns sont sur motos, les autres à pied transportant des bagages. Des enfants, des femmes enceintes, des vieillards, tous soufrent sur la route”, témoigne-t-il.
Dans cette atmosphère de désespoir, les déplacés se sentent perdus et sans recours face à la violence et à l’incertitude qui règnent dans la région. Depuis jeudi, les rebelles du M23 ont progressé en reprenant plusieurs localités, dont Miriki, Kimaka, Luofu, et finalement Kanyabayonga.
Cette escalade des violences a exacerbé la crise humanitaire en cours et a poussé de nombreuses familles à fuir une fois de plus pour échapper aux affrontements et aux dangers qui menacent leur vie au quotidien.
NK