Kinshasa, 19 décembre 2024- La localité de Kanune, située à seulement 12 kilomètres de Buleusa dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu), est tombée, ce jeudi, sous le contrôle des rebelles du M23. Après plusieurs jours de violents affrontements, les Forces armées de la RDC (FARDC) ont été contraintes de battre en retraite, laissant ce point stratégique entre les mains des insurgés. Ce basculement pourrait ouvrir de nouvelles routes d’offensive pour le M23.
Kanune, véritable carrefour stratégique, était un axe clé pour le ravitaillement des FARDC. Selon des observateurs locaux, cette prise pourrait permettre aux rebelles de relier plusieurs zones sensibles, notamment Alimbongo et Pinga. “À partir de Kanune, ils peuvent facilement avancer dans des zones boisées pour atteindre Pinga, une position militaire importante”, a déclaré un acteur de la société civile sous couvert d’anonymat. Cette progression fait craindre un élargissement des opérations du M23 dans le Nord-Kivu.
Les combats pour Kanune ont été marqués par un assaut surprise des rebelles. Les wazalendo, ces groupes d’autodéfense locaux qui avaient temporairement quitté la zone pour se réorganiser, n’ont pas pu résister à l’attaque. Pendant ce temps, les FARDC, en déroute, tentent de renforcer leurs positions dans les localités voisines pour contenir l’offensive. “La population reste cachée dans la brousse, redoutant une reprise des hostilités”, a témoigné un habitant de Buleusa, où un calme précaire s’est installé.
Cette avancée à Kanune s’inscrit dans une offensive généralisée menée par le M23 depuis plusieurs jours. Les rebelles ont déjà conquis des localités clés comme Alimbongo, Matembe, et Mbingi, cette dernière étant le chef-lieu de la chefferie de Batangi. Mbingi, capturée mercredi soir, est un autre carrefour stratégique ouvrant des routes vers des zones riches en ressources naturelles, notamment Bunyatenge, connue pour ses gisements aurifères.
La chute de Kanune met une fois de plus en lumière l’incapacité des FARDC à contenir l’avancée du M23, malgré des efforts de mobilisation militaire. Face à cette situation, les appels à une réponse militaire renforcée et à une solution diplomatique durable se multiplient. Pour l’heure, les populations locales demeurent les premières victimes, prises en étau entre les affrontements et l’instabilité croissante dans la région.