Kinshasa, 14 février 2025- Alors que le 38ᵉ sommet de l’Union africaine (UA) se tient à Addis-Abeba, la situation sécuritaire en RD Congo s’invite au cœur des débats. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a convoqué, vendredi, une réunion d’urgence pour discuter de l’escalade du conflit dans l’est du pays, où la coalition RDF-M23 renforce ses positions au Nord-Kivu.
Plusieurs chefs d’État africains ainsi que le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, sont attendus à cette rencontre. L’Angola, qui assure la médiation, a confirmé la présence du président rwandais Paul Kagame, tandis que Félix Tshisekedi, le président congolais, a préféré se faire représenter par sa Première ministre Judith Suminwa.
Le gouvernement congolais réclame des actions immédiates. “La solidarité africaine doit s’exprimer par des mesures concrètes pour garantir la paix et la souveraineté de la RDC”, a déclaré Kinshasa, appelant au retrait des troupes rwandaises et à des sanctions contre Kigali, accusé de soutenir le M23.
Le président angolais João Lourenço, qui s’apprête à prendre la tête de l’UA, devrait jouer un rôle clé dans ces discussions. Son cabinet a confirmé qu’il interviendrait pour évoquer non seulement la crise en RDC, mais aussi la situation au Soudan, un autre conflit qui inquiète l’organisation continentale.
La réunion du CPS vise à relancer le dialogue entre la RDC et le Rwanda et à obtenir un engagement pour un cessez-le-feu. L’UA pourrait aussi exiger la réouverture de l’aéroport de Goma et la mise en place d’un couloir humanitaire pour aider les civils pris au piège des combats.
Sur le terrain, la situation humanitaire se dégrade rapidement. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a révélé que près de la moitié des magasins de Goma sont fermés et que les prix des denrées de base ont explosé. La farine de maïs a augmenté de 67 %, l’huile de palme de 45 % et le riz de 17 %, rendant la nutrition inaccessible pour de nombreuses familles.
Face à ces difficultés, les opérations du PAM restent suspendues, faute de conditions de sécurité suffisantes. L’agence onusienne a cependant assuré qu’elle prépositionne des stocks et reste prête à reprendre son aide dès que possible.
Ce mini-sommet de l’UA représente un test pour l’organisation continentale. Une absence de décisions fortes pourrait aggraver la crise et renforcer l’instabilité en Afrique centrale, alors que la menace d’un conflit plus large se précise.