Kinshasa, 01 mars 2025- Après plusieurs reports, la Cour constitutionnelle tiendra ce lundi 3 mars une audience publique sur l’affaire Matata Ponyo. L’ex-Premier ministre et ses coaccusés sont soupçonnés d’avoir détourné plus de 200 millions de dollars destinés au projet agro-pastoral de Bukanga-Lonzo. Cette audience, très attendue, pourrait enfin permettre d’aborder le fond du dossier après des années de batailles procédurales.
Parmi les autres prévenus figurent le Sud-Africain Grobler Christo Stephanus, l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) Mutombo Nyembo Déogratias et l’ex-ministre délégué aux Finances Patrick Kitebi. Les poursuites engagées contre eux font suite à une enquête de l’Inspection générale des finances (IGF), qui a mis en lumière des irrégularités massives dans la gestion des fonds alloués à ce projet.
Matata Ponyo, en première ligne dans cette affaire, continue de dénoncer un “acharnement politique”. Selon lui, son implication dans ce scandale n’a pour but que de l’écarter de la scène politique. Il rappelle que le projet Bukanga-Lonzo a été initié dans un cadre gouvernemental avec plusieurs niveaux de responsabilité, et rejette toute accusation de détournement personnel.
Lancé avec un financement de 285 millions de dollars, le projet de Bukanga-Lonzo devait permettre de développer l’agriculture sur une superficie de 75 000 hectares dans la province du Kwango, à plus de 200 kilomètres de Kinshasa. Cependant, le site est aujourd’hui à l’abandon, et l’initiative, censée renforcer l’autosuffisance alimentaire du pays, s’est transformée en un gouffre financier.
Cette audience sera déterminante pour la suite de l’affaire. La Cour constitutionnelle devra non seulement statuer sur la culpabilité ou non des accusés, mais aussi répondre à une question fondamentale : l’affaire Bukanga-Lonzo est-elle un scandale de corruption ou un dossier politisé visant à neutraliser des figures influentes de l’opposition ?