Kinshasa, 08 mars 2025- L’ancien Premier ministre et actuel sénateur Augustin Matata Ponyo a vivement réagi à la relance du dossier Bukangalonzo, qu’il qualifie de « purement politique ». Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, il a dénoncé une manœuvre visant à entraver ses ambitions politiques. Selon lui, cette affaire refait systématiquement surface dès qu’il entreprend une action majeure sur la scène politique congolaise.
Matata Ponyo affirme que son refus d’intégrer l’Union Sacrée, la création de son parti politique (Leadership, Gouvernance pour le Développement – LGD) et sa candidature à la présidentielle ont toujours été suivis par une relance du dossier Bukangalonzo. “Tous les Congolais le savent”, martèle-t-il, insistant sur ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Le spectre du dialogue politique
L’ancien Premier ministre voit dans cette réactivation un moyen de pression du pouvoir en place, notamment en lien avec les discussions sur un éventuel gouvernement d’union nationale. “C’est un procès politique, un dossier de la honte de notre justice”, a-t-il déclaré, accusant les autorités de chercher à l’écarter des négociations politiques en cours.
L’affaire Bukangalonzo, en suspens depuis plusieurs mois, a repris avec une audience le 3 mars 2025 devant la Cour constitutionnelle. Matata Ponyo, ainsi que ses coaccusés, Deogratias Mutombo et Christo Grobler, ont comparu par le biais de leurs avocats. Une nouvelle audience a été fixée au 14 avril, après une demande de report formulée par la défense.
La relance du procès intervient après la période électorale, durant laquelle Matata Ponyo était candidat à la présidentielle. La Cour constitutionnelle avait alors suspendu la procédure pour garantir ses droits civiques. Désormais, avec la fin du contentieux électoral, l’affaire refait surface, ce que l’ancien chef du gouvernement considère comme une tentative de l’écarter définitivement de la scène politique.
Les avocats de Matata Ponyo et des autres prévenus ont invoqué des irrégularités dans la convocation à l’audience du 3 mars, demandant un délai supplémentaire. Cependant, la Cour et le procureur général ont rejeté ces arguments, estimant qu’un report de plus d’un mois était inacceptable pour une affaire de cette envergure.
Au-delà de la question judiciaire, le procès Bukangalonzo soulève des interrogations sur la justice en RDC et son indépendance face aux enjeux politiques. Matata Ponyo se dit victime d’un acharnement, tandis que ses détracteurs estiment que la justice doit aller jusqu’au bout pour faire la lumière sur ce scandale financier.
Avec la reprise des audiences, l’issue de cette affaire s’annonce cruciale, tant pour la carrière politique de Matata Ponyo que pour l’image de la justice congolaise. L’audience du 14 avril sera sans doute un tournant majeur dans ce dossier qui divise l’opinion publique et alimente le débat sur la politisation des institutions judiciaires en RDC.