Kinshasa, 10 mars 2025- Les révélations de John Lungila font l’effet d’une bombe. Selon ce journaliste, son confrère Pero Luwara aurait tenté de le recruter pour un réseau de communication en faveur du Rwanda et du groupe armé AFC-M23. Une accusation lourde, qui soulève des interrogations sur l’implication de certains acteurs médiatiques dans le conflit qui secoue l’Est de la RDC.
D’après Lungila, Pero Luwara l’aurait approché à plusieurs reprises pour le convaincre de rejoindre ce qu’il appelle le « front communicationnel du M23 ». Il affirme avoir refusé ces propositions, mais assure ne pas être le seul à avoir été sollicité.
Un autre journaliste, Erick Wemba, aurait reçu une offre similaire. Il rapporte avoir été invité par Luwara à une rencontre en France pour discuter du projet : “Pero m’a recruté. Il m’a appelé pour intégrer le front communicationnel du M23 et j’ai dit non. Quand Goma est tombé, il m’a rappelé en disant : ‘Mon frère, la situation a évolué, qu’est-ce que tu en penses ?’ J’ai encore dit non.”
John Lungila va encore plus loin et affirme que Luwara était au courant des attaques contre Goma et Bukavu avant qu’elles ne se produisent. Selon lui, ce n’est pas une question d’intuition, mais de liens directs avec le mouvement armé : “Pero n’est pas prophète, c’est juste parce qu’il est dans le mouvement. C’est un terroriste.”
Une autre accusation troublante concerne la fuite de Pero Luwara hors du continent africain. D’après Lungila, ce dernier n’avait pas de passeport à son départ et aurait utilisé des documents rwandais modifiés pour rejoindre l’Europe.
Sur le plan financier, Lungila pointe également du doigt les ressources perçues par Luwara. Il qualifie ces fonds d’« argent du sang » et estime que les sanctions des autorités congolaises à son encontre étaient inévitables : “Quand tu bénéficies de l’argent du sang et que les autorités au pays en sont informées, veux-tu qu’elles fassent quoi ? Elles vont te sanctionner pour éviter que d’autres suivent le même chemin.”
Mais au-delà des accusations judiciaires, Lungila pense que Luwara s’est lui-même placé en danger en jouant sur plusieurs tableaux. Il affirme que même Paul Kagame et Joseph Kabila seraient aujourd’hui méfiants à son égard : “Pero s’est mis en insécurité partout et avec tout le monde. Même Kagame et Kabila savent qu’il est versatile. Aujourd’hui, il détient des informations qui le rendent encore plus vulnérable.”
Ces déclarations explosent en plein climat de tensions sécuritaires en RDC. Elles posent la question du rôle de certaines figures médiatiques dans les conflits et de l’influence que peuvent avoir des stratégies de communication sur les enjeux géopolitiques de la région.