Kinshasa, 22 mai 2025 – C’est une séance pas comme les autres qui s’annonce ce jeudi après-midi au Palais du Peuple. Les sénateurs de la RDC sont appelés à examiner le rapport explosif de la Commission spéciale sur les réquisitoires judiciaires. Dans la ligne de mire, la demande de l’auditeur général près la Haute cour militaire visant la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila Kabange, sénateur à vie et ex-président de la République.
Ce scénario inédit secoue les fondations de la classe politique congolaise. Joseph Kabila, au pouvoir pendant 18 ans, pourrait être le premier ancien chef de l’État poursuivi par la justice congolaise si le Sénat donne son feu vert. Une étape décisive dans une dynamique nationale qui revendique plus de redevabilité des anciens dirigeants.
L’examen de cette requête s’inscrit dans un contexte de montée en puissance des revendications pour la justice et la lutte contre l’impunité, en particulier dans les affaires liées aux conflits armés à l’Est du pays. Kabila est accusé de crimes de guerre, de financement du terrorisme, de collusion avec les rebelles du M23-AFC, et même de haute trahison. Des accusations lourdes qui, jusqu’ici, semblaient inaccessibles au regard de son statut.
La plénière prévue dans la Salle des Conférences Internationales pourrait donc faire basculer le destin politique d’un homme longtemps considéré intouchable. Pour les partisans de la vérité et de la justice, il s’agit d’un test de crédibilité pour les institutions du pays. Pour les fidèles du PPRD, c’est une offensive politique de plus contre leur leader historique.
Dans tous les cas, ce jeudi 22 mai pourrait entrer dans les annales comme le jour où le Sénat de la RDC a décidé de tourner une page, peut-être même d’ouvrir un chapitre judiciaire inédit. L’heure est venue de savoir si la démocratie congolaise est prête à regarder son passé en face.