Kinshasa, 23 mai 2025- Alors que les miliciens Wazalendo étaient salués par certains comme un rempart citoyen face à la menace du M23, un tout autre visage se dessine dans les territoires du Sud-Kivu. Dans un rapport publié ce vendredi, Human rights watch (HRW) dénonce une série d’exactions commises contre les civils par ces groupes d’autodéfense. À travers des témoignages glaçants, l’ONG met soulève une dérive inquiétante. Les Wazalendo seraient devenus des bourreaux pour les populations qu’ils prétendaient protéger.
Extorsions, tortures, exécutions sommaires… les accusations sont lourdes et documentées. Dans certains villages, les miliciens s’arrogent même le rôle de force de l’ordre, se substituant à l’État pour imposer leur propre vision de la justice. “Certains Wazalendo agissent comme s’ils étaient la Police”, témoigne un habitant cité dans le rapport. Une situation qui fait craindre un glissement vers l’anarchie dans les zones déjà fragilisées par les conflits armés.
HRW interpelle directement les autorités congolaises sur leur responsabilité dans cette escalade. Pour Clémentine de Montjoye, chercheuse senior Afrique, il est impératif que Kinshasa cesse tout soutien, implicite ou logistique, à cette milice. “L’Armée congolaise risque de se rendre complice d’exactions en continuant à collaborer avec les Wazalendo”, alerte-t-elle, appelant à leur désarmement immédiat et à l’ouverture d’enquêtes impartiales.
Cette dénonciation intervient alors que les Wazalendo sont encore officiellement perçus comme des alliés dans la lutte contre le M23-AFC. Mais à quel prix ? La militarisation de groupes non encadrés, même au nom de la résistance populaire, semble aujourd’hui se retourner contre la population civile. Les mécanismes de protection des droits humains sont remis en cause, dans une région déjà meurtrie par des décennies d’instabilité.
La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises. Feront-elles le choix du droit et de la justice ou continueront-elles à fermer les yeux sur les dérives d’un partenariat devenu toxique ? La société civile et les ONG attendent des réponses claires, au-delà des discours sécuritaires.