Kinshasa, 07 juin 2025- L’Assemblée nationale a été le théâtre d’une vive controverse vendredi, à l’occasion de la présentation du rapport annuel du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC). Plusieurs députés, tant du camp présidentiel que de l’opposition, ont ouvertement critiqué le président du CSAC, Christian Bosembe, pour sa décision interdisant la diffusion sur les médias congolais des activités et communications de l’ancien président Joseph Kabila et de son parti, le PPRD.
Parmi les voix les plus critiques, les députés Séverin Bamani, Boris Mbuku et Christian Mwando ont dénoncé une atteinte grave à la liberté d’informer. L’un d’eux, Christian Mwando, n’a pas mâché ses mots. “Le président du CSAC se donne le droit de suspendre les droits des journalistes et de la population”, a-t-il lancé, indigné, à la tribune.
De son côté, Boris Mbuku a rappelé que la République est tenue, même en temps de crise, de respecter ses propres lois. Il a souligné que les conflits à l’Est ne doivent pas justifier des pratiques autoritaires à Kinshasa, mettant en garde contre une dérive institutionnelle.
Face à cette avalanche de critiques, Christian Bosembe s’est voulu rassurant. Il a précisé que sa directive n’interdit ni les références à Joseph Kabila ni les débats autour de son rôle historique. “Les médias peuvent citer son nom, mais doivent le faire avec responsabilité”, a-t-il déclaré, tout en défendant une ligne éditoriale éthique dans un contexte de fragilité nationale.
Dans le même temps, l’ancien président Joseph Kabila se trouve actuellement à Goma, une ville partiellement contrôlée par des forces rebelles. Il y mène une série de rencontres avec les leaders locaux et les communautés, dans une démarche visant à contribuer à la résolution pacifique de la crise sécuritaire qui secoue les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
Ce retour sur le terrain de l’ex-chef de l’État, combiné à la polémique politique à Kinshasa, pourrait bien rouvrir le débat sur son rôle dans la vie publique congolaise. Alors que les tensions s’accentuent à l’approche de la présidentielle de 2028, le CSAC, lui, devra bientôt clarifier sa position pour éviter de transformer la régulation médiatique en outil de règlement de comptes politiques.