Kinshasa, 30 juin 2025- En marge de son déplacement à Osaka, au Japon, le ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya, s’est exprimé ce lundi au sujet de l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda, sous médiation américaine. Lors d’un briefing presse, le porte-parole du gouvernement a mis l’accent sur les engagements bilatéraux en matière de respect de la souveraineté, de retrait des troupes et de cessation de tout soutien aux groupes armés.
“Ici, il faut que je vous rappelle que le principe – et c’est cela même l’engagement premier du Président de la République – est celui de ne brader aucun intérêt de la RDC, ni concéder un seul centimètre, ni concéder une seule ressource minière de notre pays”, a affirmé Patrick Muyaya. Il a rappelé que les discussions de Washington ont permis de relire l’histoire en profondeur, en revenant notamment sur les fondements de l’Union africaine et la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU. “Du point de vue du respect de l’intégrité territoriale, cela est garanti. Il faut lire l’accord”, a-t-il insisté.
Le ministre a également souligné la dimension humaine de cet accord, affirmant que la volonté de préserver des vies fut l’un des moteurs principaux de sa signature. “Il est question de préserver les vies humaines, il y a beaucoup qui sont perdues, beaucoup sont dans la souffrance, et je pense que c’était le principe directeur qui nous a conduit dans la conclusion de cet accord”, a-t-il déclaré.
Concernant les inquiétudes liées à la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais, Patrick Muyaya a assuré que l’accord encadre clairement le processus de désengagement. “Sur la question du désengagement, nous insistons pour que les uns et les autres puissent lire ce qui est convenu. Ici, on parle de désengagement, et d’autre part, on parle d’un plan harmonisé : le Conops est un document établi par les États-majors”, a-t-il expliqué. Il a ajouté que des mécanismes de suivi seront mis en place pour garantir l’effectivité du retrait.
La rébellion du M23, au cœur des tensions actuelles, a également été évoquée par le porte-parole du gouvernement. L’accord de Washington exige explicitement l’arrêt de tout appui militaire au groupe armé. “Il ne faut pas oublier que nous sommes encore à Doha en train de discuter avec le M23. C’est un mouvement soutenu par le Rwanda et, dans l’accord, il est dit qu’il faut cesser tout soutien. Donc, si le Rwanda retire son soutien militaire au M23, nous pouvons imaginer ce qu’il en reste”, a analysé Muyaya.
Autre point clé abordé est l’intégration des ex-combattants dans les forces armées congolaises. Le ministre a précisé que cette intégration ne se fera plus de manière systématique, comme cela a été le cas dans le passé. “Vous avez vu que dans l’accord, il y a l’intégration conditionnelle dans les forces de défense et de sécurité. On ne va pas faire le mixage ou le brassage tels qu’on a fait par le passé, mais cela va se faire au cas par cas, en répondant à un certain nombre de critères spécifiés dans l’accord”, a-t-il indiqué.
La suite du processus de paix inclura une rencontre attendue entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Washington, prévue pour la fin du mois de juillet. Ce sommet, organisé avec le soutien de l’administration Trump, marquera une étape diplomatique majeure dans le suivi de l’accord signé.
Enfin, le porte-parole du gouvernement congolais a rappelé que la conclusion d’un accord à Doha avec le M23 serait la prochaine grande étape de ce processus. Ce jalon, espère-t-il, consolidera l’élan vers une paix durable dans la région des Grands Lacs, après des décennies d’instabilité.