Kinshasa, 04 juillet 2025- Malgré les graves accusations contenues dans le dernier rapport des experts de l’ONU, le Rwanda continue de défendre la présence de ses forces armées dans l’Est de la RDC. Pour Kigali, il ne s’agit pas d’une occupation, mais d’une mesure « défensive » face à ce qu’il qualifie de menace persistante des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé qu’il considère comme « une milice génocidaire ».
Dans une déclaration officielle relayée sur son compte X (ex-Twitter), la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a exprimé son rejet catégorique des conclusions des experts onusiens. Elle accuse Kinshasa de soutenir les FDLR et de s’en remettre à eux comme première ligne de défense face aux rebelles du M23. “Le rapport confirme le soutien de l’État de la RDC à la milice génocidaire des FDLR et la dépendance de l’armée congolaise à leur égard comme force de combat de première ligne, mais il déforme ensuite délibérément les préoccupations sécuritaires de longue date du Rwanda”, a-t-elle déclaré.
Toujours selon Kigali, cette présence militaire sur le sol congolais serait transitoire, en attendant la pleine application des engagements contenus dans l’accord de paix signé sous l’égide des États-Unis. “À la suite de la signature de l’accord de paix négocié par les États-Unis, le Rwanda est pleinement engagé dans sa mise en œuvre, y compris la neutralisation des FDLR. Cela permettra à terme la levée des mesures défensives du Rwanda, le retour sécurisé des réfugiés et la stabilité régionale”, a expliqué Yolande Makolo.
Du côté congolais, la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a réaffirmé que le retrait des troupes rwandaises est une condition sine qua non à l’exécution de l’accord. Lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa, elle a précisé que le gouvernement reste déterminé à faire respecter sa souveraineté. “La question des FDLR et du retrait des troupes rwandaises est fondamentale. Des experts militaires des deux pays sont déjà à pied d’œuvre pour assurer une mise en œuvre conjointe de l’accord et mettre fin aux violences”, a-t-elle précisé.
Alors que les tensions diplomatiques et militaires demeurent vives, la mise en œuvre concrète de l’accord de paix dépendra de la capacité des deux parties à dépasser leurs désaccords. La région des Grands Lacs reste sous haute surveillance de la communauté internationale, qui appelle à un respect scrupuleux des engagements pris à Washington.
Dans un climat de méfiance persistante, les deux capitales continuent de s’observer avec prudence. Si la volonté d’un apaisement est affichée dans les discours, la réalité sur le terrain reste préoccupante. La stabilité de l’Est de la RDC et plus largement celle des Grands Lacs dépendra de la mise en œuvre effective des engagements pris à Washington, mais surtout de la fin des doubles discours.