Kinshasa, 22 juillet 2025- Depuis un temps, le Vice-premier ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, multiplie les décisions controversées dans la province du Haut-Katanga. Des interventions inattendues, perçues par beaucoup comme une volonté de contrôler à tout prix les institutions provinciales, au mépris de la stabilité politique locale.
Lubumbashi, une tentative de passage en force corrigée par le Conseil d’État
Tout a commencé à la mairie de Lubumbashi. Après la promotion de l’ancien maire au poste de vice-gouverneur, l’intérim municipal était assuré par son adjointe, Joyce Tunda. Connue pour sa rigueur et son sens du service, elle gérait sans faille les affaires de la ville. Pourtant, contre toute logique administrative, le VPM de l’Intérieur Jacquemin Shabani a signé un arrêté désignant Patrick Kafwimbi comme maire intérimaire.
Cette nomination, largement perçue comme une tentative d’imposer un pion politique dans la gestion locale, a créé la confusion dans la ville cuprifère. Mais cette manœuvre a rapidement été stoppée.
Le Conseil d’État, saisi par les parties concernées, a annulé l’arrêté de nomination de Patrick Kafwimbi, estimant que Joyce Tunda restait légalement et légitimement en fonction. Elle a donc été rétablie dans son rôle de maire a.i. de Lubumbashi.
Un risque de tension communautaire à la mairie de Lubumbashi
Au-delà de la simple bataille administrative, la situation à la mairie de Lubumbashi a pris une tournure communautaire préoccupante. En effet, l’association Sempya, connue pour son ancrage communautaire local, s’est publiquement rangée derrière Patrick Kafwimbi, contestant indirectement, Joyce Tunda surtout qu’elle est accusée de ne pas être originaire du Haut-Katanga. Une rhétorique dangereuse, qui ravive des tensions identitaires que Lubumbashi peine à contenir depuis plusieurs années.
Cette prise de position alimente la crainte d’un conflit sous-jacent entre communautés, avec le risque de voir la question de la gouvernance municipale glisser vers des clivages ethniques et identitaires. Dans un Haut-Katanga où les stigmates des tensions communautaires passées restent vives, ce type de discours est de nature à fragiliser la cohésion sociale locale.
Le gouvernorat aussi sous pression, Kyabula dans le viseur du VPM!
Au sommet de la province, le même scénario se répète.
Le gouverneur Jacques Kyabula Katwe, convoqué à Kinshasa pour s’expliquer sur des propos tenus lors d’un meeting de l’Union Sacrée, propos jugés ambigus après l’interprétation biaisée d’une frangr de la classe politique sur le rôle du Rwanda dans la guerre à l’Est, a annoncé une indisponibilité temporaire, évoquant un besoin de repos pour raisons de santé. Pourtant, sans déclaration officielle de vacance du pouvoir, Jacquemin Shabani a promptement désigné le vice-gouverneur Martin Kazembe Shula comme intérimaire.
Ce geste précipité alimente les soupçons d’une stratégie claire » Prendre la main sur le Haut-Katanga en verrouillant progressivement toutes les institutions locales »
Les observateurs rappellent que sous les précédents VPM de l’Intérieur, notamment Peter Kazadi, les relations entre Kinshasa et Lubumbashi étaient basées sur la collaboration et le respect des équilibres locaux. Avec Shabani, le ton change, la centralisation semble primer sur la concertation. D’aucuns estiment que Shabani cherche à tout prix, de placer ses pions pour avoir la mainmise sur cette province stratégique.
Agitation à l’Assemblée provinciale, le dernier verrou
Le parlement provincial n’échappe pas à cette dynamique de Shabani.
Une pétition est en cours pour tenter de destituer la vice-présidente de l’Assemblée provinciale, Liliane Komba Maka, accusée officiellement de déstabiliser le bureau dirigé par Michel Kabwe Mwamba.
Mais pour plusieurs élus, il s’agirait surtout d’une bataille d’influence, Liliane Komba est perçue comme un relais politique de Jacquemin Shabani, placé pour mieux contrôler l’Assemblée. Si cette stratégie aboutissait, le VPM disposerait d’une mainmise quasi totale sur la gouvernance du Haut-Katanga, de la mairie à l’Assemblée provinciale, en passant par le gouvernorat.
Un jeu dangereux pour la stabilité de la province!
Cette série de manœuvres politiques inquiète dans un contexte où le président Félix Tshisekedi insiste sur la nécessité de préserver la paix et la cohésion nationale.
Le Haut-Katanga, moteur économique du pays, ne peut se permettre d’être transformé en laboratoire d’expériences politiciennes. Le gouverneur Kyabula, apprécié pour sa gestion locale, avait trouvé un mode de collaboration efficace avec ses anciens interlocuteurs du ministère de l’Intérieur. Avec Jacquemin Shabani, c’est un changement brutal qui semble s’opérer, une approche plus directive, accusée d’être motivée par des calculs personnels ou partisans.
La vraie question, que veut vraiment Jacquemin Shabani ?
Le Haut-Katanga n’a pas besoin de turbulences politiques. Il a besoin de stabilité, de croissance et de cohésion sociale.
Mais aujourd’hui, une question s’impose, Jacquemin Shabani cherche-t-il à gouverner ou à contrôler ?
« Le peuple katangais, éveillé et vigilant, observe. Et il ne tolérera plus jamais d’être le spectateur passif d’agendas obscurs téléguidés depuis Kinshasa » Lâche un analyste politique du coin.
Dossier à suivre !