Kinshasa, 20 novembre 2023.- À Kinshasa, les autorités s’efforcent de combattre le fléau de l’urbanisation anarchique et sauvage. La capitale de la RDC est confrontée à une croissance urbaine quasi chaotique et non réglementée. Des habitations sont parfois construites sans les autorisations légales nécessaires, engendrant ainsi une absence totale de planification pour les infrastructures. Ce phénomène est aussi souvent à l’origine d’incidents tragiques.
Dans le quartier de Kinsuka, Jean-Marie constate que des habitations, parfois construites en matériaux durables, voient le jour dans le cimetière de Kinsuka, officiellement fermé depuis 2015. Le cimetière est régulièrement vandalisé, laissant des restes de cercueils à découvert.
Blandine, profondément attristée, se sent désorientée et n’arrive plus à localiser les tombes de certains membres de sa famille. Des habitations ont été érigées sur le terrain où son beau-frère a été inhumé il y a moins d’un an.
En octobre de l’année dernière, le gouverneur de Kinshasa s’est rendu sur place avec des engins de chantier pour ordonner la démolition de ces maisons. Pourtant, un an plus tard, d’autres habitations sont toujours présentes.
Même cas à Matadi Kibala
Kinsuka n’est pas le seul site concerné. En février 2022, une pluie battante à Matadi Kibala a provoqué la rupture d’un câble haute tension, entraînant la mort de 26 personnes dans un marché et des zones résidentielles. Malgré les annonces de mesures fortes de l’État, le marché persiste aujourd’hui, avec des échoppes qui reprennent leur activité comme si rien ne s’était passé.
Selon Nicolas Patience Basabose, architecte et urbaniste, ce phénomène est le résultat d’une urbanisation sauvage. Certaines autorités octroient des autorisations de bâtir dans des zones inhabitables, mettant en danger la sécurité des habitants.
Au début de cette année, l’hôtel de ville a procédé à la démolition de certaines habitations dans les quartiers populaires. Cependant, cette décision est critiquée pour son manque d’application équitable, car certaines zones ne sont pas touchées en raison de la présence des autorités.
Outre l’urbanisation anarchique, la pression démographique est un autre défi. La population de Kinshasa est passée de 2,6 millions d’habitants en 1984 à près de 20 millions aujourd’hui. Pourtant, selon Nicolas Patience Basabose, ce n’est pas la croissance en soi qui pose problème, mais l’absence de planification et de réglementation dans le processus.
La superficie de la ville de Kinshasa est d’environ 10 000 kilomètres carrés, mais les activités se concentrent sur un rayon d’à peine 20%. Cette situation rend la planification et l’aménagement urbain d’autant plus urgents pour assurer un développement harmonieux de la capitale de la RDC.

Nicolas Kayembe