Kinshasa, 29 juillet 2024- Depuis ce lundi 29 juillet, la capitale de la RDC, Kinshasa, est plongée dans le chaos alors que les conducteurs de transport en commun ont décidé de faire grève, paralysant l’ensemble des 24 communes de la ville. Ce mouvement, orchestré par l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO), met en lumière des tensions croissantes concernant la réglementation des transports urbains et les conditions de travail des conducteurs.
Les grévistes protestent contre un contrôle initié par la Division urbaine des transports, qui vise à imposer le respect du tarif officiel et à éliminer les itinéraires fractionnés, souvent appelés « demi-terrain ». Depuis plusieurs jours, des agents du ministère des Transports patrouillent les rues pour s’assurer que les conducteurs se conforment à l’arrêté signé en mars 2023 par l’ancien gouverneur. Ce contrôle, bien qu’au service d’un meilleur service public, est perçu par les chauffeurs comme une menace à leur mode de vie.
Ce lundi matin, l’ampleur de la grève est frappante : les rues de Kinshasa sont presque désertes de bus et de taxis. Les Kinois, habitués à une circulation dense, se retrouvent bloqués aux arrêts, attendant en vain un moyen de transport. Les rares motos et tricycles encore en circulation sont souvent stoppés par des piquets de grève, comme à Matete, où des pneus enflammés obstruent les routes, symbolisant la colère des conducteurs.
Parmi les rares chauffeurs à braver la grève, Dario, un conducteur de la plateforme de transport Yango, explique son choix de prendre le risque de circuler. “J’ai quitté chez moi très tôt, vers 4 heures du matin, pour échapper à mes collègues”, confie-t-il. Bien qu’il comprenne les revendications de ses camarades, il est conscient que cette grève lui coûte cher, le forçant à travailler dans des zones moins fréquentées pour éviter les blocages.
Les conséquences de cette grève se font déjà sentir sur la mobilité des habitants de Kinshasa. Pour beaucoup, le trajet vers le centre-ville devient un véritable parcours du combattant. Les taxis-motos, qui sont devenus le dernier recours, augmentent leurs tarifs, aggravant ainsi les frustrations des usagers. Ce climat de tension révèle une réalité plus profonde : la lutte pour une régulation équitable du secteur des transports, qui souffre depuis longtemps de dysfonctionnements.
Dans ce contexte, les autorités réagissent. Le ministre provincial des Transports, Pius Kandolo, qualifie cette grève de « sauvage » et déplore qu’elle n’ait pas respecté les procédures légales. Son indignation est palpable, car il regrette de n’avoir pas été informé officiellement du mouvement, ce qui complique la gestion de la crise.
Pour tenter de trouver une issue à ce conflit, M. Kandolo a annoncé une réunion avec les responsables des différentes catégories de transporteurs pour l’après-midi du 29 juillet. L’objectif est de faire le point sur la situation et d’explorer des solutions durables. Cependant, les discussions risquent d’être délicates, tant les attentes des conducteurs et les contraintes des autorités sont en opposition.
Ainsi, cette grève des conducteurs de transport à Kinshasa ne fait pas que perturber le quotidien des Kinois ; elle soulève également des questions fondamentales sur la régulation des transports urbains et la prise en compte des conditions de travail des chauffeurs. La situation actuelle pourrait bien être le révélateur d’un besoin urgent de réforme dans un secteur vital pour la capitale congolaise.
Rédaction