Kinshasa, 11 septembre 2024- Le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Ngaliema a poursuivi son enquête sur la tentative d’évasion à la prison centrale de Makala, lors d’une quatrième audience qui s’est tenue le 10 septembre.
Ce procès soulève de graves accusations, notamment celle d’une femme détenue qui raconte une nuit d’horreur, marquée par des viols collectifs commis par des prisonniers. L’audition de 21 prévenus a permis d’étayer les événements tragiques survenus lors de cette tentative d’évasion.
Selon le témoignage poignant de la victime, la nuit a commencé par des coups de feu et des bruits de casse. Alors qu’elle tentait de se protéger, elle a été témoin de scènes terrifiantes où des hommes armés de machettes et de couteaux s’introduisaient dans la section féminine de la prison. Les détenus ont extorqué des biens et ont violé plusieurs femmes, plongeant la prison dans une terreur indescriptible. La narratrice, cachée sous son lit, a vécu un véritable cauchemar, assistée impuissante à l’horreur qui s’est déroulée autour d’elle.
“L’événement a commencé vers 2 heures du matin. On venait de finir la prière vers 1 heure. Une heure du temps après, alors que je commençais à dormir, j’ai entendu des coups de balle. Après, on est un venu nous dire qu’il s’agit d’une tentative d’évasion. Quelques temps après, on a commencé à entendre des mouvements comme quoi on cassait la porte de notre pavillon. J’ai pris mon argent en dollars, 280 USD, j’ai emballé dans un papier mouchoir et j’ai mis dans mon sexe. J’ai pris l’argent en francs, 88.000 Fc, j’ai mis dans un sac, y compris mon téléphone. Après, on a entendu des prisonnières qui passent nuit à la salle de visite crier, qu’ils sont entrés. Au départ, on a cru que c’était des militaires ou des policiers. On s’est rendu compte après que c’étaient des détenus hommes qui sont venus voler et violer les femmes”, relate la victime.
Le récit de la victime devient encore plus troublant lorsqu’elle décrit comment elle a été violée à plusieurs reprises par sept hommes différents. Son témoignage, à la fois poignant et accablant, révèle non seulement la brutalité des actes commis mais aussi la vulnérabilité des femmes incarcérées. Elle évoque la terreur qui l’a envahie lorsque l’un des agresseurs a découvert qu’elle avait caché de l’argent, ce qui a conduit à une violence encore plus extrême.
“Quelques temps après, on a senti que ces détenus s’approchaient de notre porte. Je me suis caché sous le lit. Et j’entendais comment ils extorquaient les biens à d’autres prisonnières. Le premier groupe a pris nos provisions, l’argent et les téléphones. Le deuxième groupe est celui qui est venu avec les machettes, couteaux, ciseaux et autres armes blanches. Ces détenus ont commencé à violer les autres femmes sous mes yeux. Un moment donnéx j’ai vu un détenu venir me demander de nous protèger moi et une amie. Il nous a amené à un endroit. Un moment donné, on a commencé à manacer mon amie. Alors que je voulais intervenir, le même détenu m’a donné une gifle. Je suis tombée sur un banc. Il m’a tiré le pantalon par force. Il a commencé à me taper. Il m’a enlevé les habits et m’a écarté les jambes. Alors qu’il voulait me pénétrer, il a senti quelque chose à l’intérieur. Il a remarqué que c’était mon argent. Il a introduit ses doigs et a retiré l’argent. Quand il a fini de me violer, un autre est arrivé, ainsi de suite, jusqu’à être voilée par 7 personnes. Pendant qu’on me violait par le 7 ème homme, j’ai vu un garçon que je connais. C’est grâce à son intervention que je n’ai pas été violée par le 8 ème homme”, explique-t-elle.
À l’issue de son témoignage, la victime a pu identifier deux des agresseurs, mais ceux-ci ont nié les accusations qui leur étaient portées. Le tribunal militaire a ainsi la lourde tâche de démêler les faits et de rendre justice. Ce procès met en exergue non seulement les enjeux de sécurité au sein des établissements pénitentiaires, mais également la nécessité d’une protection adéquate pour les détenus, en particulier les femmes, face à la violence et à l’exploitation.