Kinshasa, 09 novembre 2024- Le Centre des recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) a dévoilé vendredi un rapport qui jette une ombre inquiétante sur la gestion des projets d’infrastructures routières à Kinshasa. Selon les résultats de cette enquête, des tronçons et avenues financés à hauteur de millions de dollars dans le cadre des programmes « Tshilejelu » et « Zéro trou » n’existent tout simplement pas. Ce constat soulève des interrogations quant à la transparence et la rigueur des autorités responsables.
L’enquête a mis en lumière des anomalies flagrantes concernant le financement de certaines avenues. Par exemple, l’avenue Tshilombo, censée avoir coûté 1,7 million de dollars, se révèle être un simple arrêt de bus. De même, Lunionzo, financée à hauteur de 1,3 million de dollars, est en réalité le nom d’un hôpital. Ces découvertes jettent un doute sur la véracité des informations fournies aux citoyens et exposent des lacunes dans le suivi des projets d’infrastructure.
Un autre point préoccupant est l’augmentation inexpliquée du budget pour la réhabilitation de l’avenue Kulumba, un tronçon de 6,8 kilomètres. Initialement estimé à 32 millions de dollars, le coût a été révisé à 51,8 millions de dollars, sans explication claire. Une telle inflation des coûts suscite des inquiétudes quant à la gestion des fonds publics et des risques de détournement.
Le rapport révèle également qu’entre 2021 et 2023, 171 millions de dollars ont été alloués à la modernisation de la voirie urbaine à Kinshasa dans le cadre des programmes susmentionnés. Étonnamment, ces fonds ne figurent pas dans les Lois de finances de ces années, ni dans les documents de reddition des comptes, ce qui souligne une absence de transparence alarmante.
En outre, des projets d’un montant total de 70,5 millions de dollars ont déjà absorbé environ 40,9% de leur budget. Près de 40 millions de dollars ont été utilisés pour la phase initiale du programme Tshilejelu, tandis que 22,3 millions de dollars ont été affectés à la première phase du programme Zéro trou. L’absence de suivi rigoureux de ces dépenses soulève des inquiétudes quant à leur utilisation efficace.
Face à ces révélations troublantes, le CREFDL appelle le Parlement congolais à demander des comptes au ministre des Travaux publics. Il est crucial que des explications soient fournies concernant la gestion des 70,5 millions de dollars investis dans ces projets d’infrastructure. La transparence et le respect des normes de bonne gestion financière doivent être garantis.
La pression monte ainsi sur les autorités congolaises, notamment le gouvernement et les ministères en charge des infrastructures. Le manque de contrôle et de reddition des comptes pourrait entacher la crédibilité des projets ambitieux du président Félix Tshisekedi, d’autant plus que des millions de dollars sont engagés sans clarté sur les résultats pour la population de Kinshasa.
Alors que les Congolais aspirent à des infrastructures de qualité, le rapport du CREFDL met en exergue l’urgence d’une réforme profonde de la gestion publique. Les autorités doivent redoubler d’efforts pour instaurer davantage de transparence et de rigueur dans la gestion des fonds publics, afin de restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions.