Kinshasa, 24 décembre 2024- L’Union sacrée, la coalition au pouvoir en RDC, traverse une période de turbulences inédites. Le président Félix Tshisekedi fait face à une fronde interne, menée notamment par Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, qui exige des garanties fermes avant de soutenir la révision constitutionnelle.
Lors d’une récente rencontre, l’ex-directeur de cabinet de Tshisekedi aurait posé une condition non négociable : l’interdiction d’un troisième mandat présidentiel dans tout projet de modification de la Constitution. “Pas de révision sans exclusion d’un troisième mandat”, aurait-il affirmé, mettant ainsi en garde contre une dérive autoritaire.
Pour le pacificateur Kamerhe, la révision constitutionnelle doit être inclusive, impliquant non seulement la majorité présidentielle, mais aussi l’opposition et la société civile. Cette approche qu’il qualifie de « révision équilibrée » vise à prévenir toute accusation de manipulation politique.
Le désaccord entre Tshisekedi et Kamerhe souligne des ambitions divergentes au sein de l’Union Sacrée. Tandis que le président tente de consolider son pouvoir, son allié de longue date semble désormais jouer sa propre carte politique, cherchant à renforcer sa position dans un paysage politique incertain.
L’idée même d’une révision constitutionnelle suscite des controverses au-delà de l’Union sacrée. L’opposition, notamment Martin Fayulu et Moïse Katumbi, a déjà exprimé son rejet catégorique de tout changement perçu comme une tentative de Tshisekedi de prolonger son règne.
Les Églises catholique et protestante, voix influentes en RDC, ont également critiqué ce projet. Elles craignent qu’une telle révision ouvre la voie à des abus de pouvoir, mettant en péril la démocratie congolaise naissante.
Au sein de la coalition, d’autres figures politiques, telles que Modeste Bahati et Jean-Pierre Bemba, semblent adopter des positions de plus en plus autonomes. Cette fragmentation complique la tâche de Tshisekedi, déjà confronté à des défis majeurs sur le plan économique et sécuritaire.
Les tensions internes risquent d’affaiblir davantage la cohésion de l’Union sacrée, affectant la capacité du gouvernement à gouverner efficacement. Pour de nombreux observateurs, cette crise politique pourrait avoir des répercussions durables sur la stabilité du pays.
En coulisses, le président de l’UNC cherche à s’affirmer comme une alternative crédible dans un contexte où l’équilibre des forces pourrait basculer à tout moment. Sa prise de position reflète à la fois un calcul politique et une volonté de préserver les principes démocratiques.
Malgré ces dissensions, le chef de l’État poursuit les préparatifs pour la mise en place de la commission de révision constitutionnelle. Mais le chemin s’annonce semé d’embûches, tant les oppositions internes et externes sont fortes.
Le président se retrouve à un carrefour critique. Sa capacité à concilier les ambitions de ses alliés et à répondre aux critiques de l’opposition déterminera non seulement l’avenir de la révision constitutionnelle, mais aussi celui de son propre mandat.
La RDC se trouve aujourd’hui face à un dilemme politique majeur. Les choix qui seront faits dans les mois à venir pourraient redéfinir les contours de la démocratie congolaise, à condition que le consensus prime sur les intérêts individuels.