Kinshasa, 10 février 2025- À Goma, la rentrée scolaire annoncée pour ce lundi n’a pas eu lieu comme prévu. Malgré les appels des autorités scolaires, les élèves ont déserté les salles de classe. Dans une école privée du centre-ville, enseignants et personnel administratif étaient bien présents, mais les bancs sont restés vides. Un inspecteur de l’enseignement, venu constater la situation, a finalement demandé aux enseignants de rentrer chez eux, reportant toute décision à une réunion prévue dans la journée.
Le phénomène ne se limite pas à un seul établissement. Partout dans la ville, les écoles ont ouvert leurs portes, mais les élèves n’ont pas répondu à l’appel. À l’école de la paroisse Notre Dame d’Afrique, seuls cinq élèves sur un effectif de plus de 800 ont fait le déplacement. Une image qui illustre la peur généralisée des familles face à une situation toujours instable dans la région.
La peur dicte la loi
Selon plusieurs sources locales, les parents craignent pour la sécurité de leurs enfants. Le spectre des violences récentes plane encore sur Goma, rendant difficile un retour serein en classe. “On ne peut pas risquer la vie de nos enfants alors que la situation reste tendue”, confie un parent inquiet. Cette crainte explique en grande partie l’échec de cette reprise scolaire.
Outre la peur, des problèmes logistiques entravent également la reprise des cours. Dans le quartier Mabanga Nord, certaines écoles sont toujours occupées par des familles de militaires déplacées après la prise de la ville par les rebelles du M23. Avec des salles de classe transformées en abris de fortune, le manque d’espace et d’organisation complique encore plus la situation.
Face à cette rentrée avortée, les autorités éducatives tentent de rassurer. Le chef de division de l’enseignement à Goma a annoncé une évaluation de la situation dans les prochaines heures pour proposer des solutions. Mais pour de nombreux parents, seule une amélioration réelle de la sécurité pourra convaincre les familles de renvoyer leurs enfants à l’école.
À Goma, l’éducation des enfants semble suspendue aux aléas du conflit qui secoue la région. Tant que les conditions sécuritaires ne seront pas garanties, la rentrée scolaire risque de rester un vœu pieux. Pour les enseignants et les élèves, l’attente se prolonge, avec une question en suspens : quand l’école redeviendra-t-elle un lieu sûr ?