Kinshasa, 14 février 2025- La crise sécuritaire qui sévit dans l’Est du pays continue de susciter de vives réactions au sein de la classe politique. Lors de la plénière du jeudi, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a tenu à rappeler aux députés l’importance d’éviter les réactions émotionnelles face à la médiation menée par les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et de l’Église du Christ au Congo (ECC). Cette démarche, qui vise à trouver une solution pacifique au conflit, doit être suivie avec prudence et retenue, a insisté le président de la chambre basse du parlement.
Dans son intervention, Vital Kamerhe a mis en garde contre toute précipitation ou prise de position hâtive sur cette initiative. “Laissons cette question des évêques qui se retrouvent à Goma à la recherche de la paix au Président de la République et au Gouvernement” , a-t-il déclaré. Son appel s’adresse directement aux députés, dont certains pourraient être tentés de réagir vivement face à l’implication des religieux dans ce dossier complexe.
Le speaker de la chambre basse du parlement a souligné que la situation à l’Est du pays est extrêmement délicate et nécessite une approche réfléchie. Il a averti les élus que toute déclaration inappropriée risquerait d’aggraver les tensions ou de compliquer davantage le travail de médiation. “Vous risquez de parler et de dire des choses que vous ne maîtrisez pas”, a-t-il martelé, insistant sur la nécessité d’une attitude responsable et mesurée.
Vital Kamerhe a néanmoins assuré qu’il suivra de près cette initiative et qu’il s’engage à poser les questions appropriées au gouvernement dans le cadre de la coopération interinstitutionnelle. Il a promis de faire une restitution devant l’Assemblée nationale en temps opportun afin de permettre aux députés d’être informés des avancées de cette médiation. Cette approche vise à garantir une coordination efficace entre les institutions du pays dans la gestion de cette crise.
L’intervention de Kamerhe intervient alors que la population de Goma et de certaines localités du Sud-Kivu vit sous l’occupation des rebelles du M23. Le président de l’Assemblée nationale a souligné que le besoin de paix est une priorité absolue pour ces populations, et qu’il est essentiel que les autorités restent en phase avec leurs attentes. « Ce que nous voulons, c’est la paix », a-t-il insisté, appelant tous les acteurs politiques à travailler dans ce sens.
La médiation des évêques de la CENCO et de l’ECC s’est intensifiée ces derniers jours. Après avoir consulté des opposants politiques à Kinshasa, dont Martin Fayulu, ces prélats ont poursuivi leur mission en se rendant à Kigali le 13 février. Là, ils ont rencontré le président rwandais Paul Kagame, à qui ils ont présenté leur plan de sortie de crise intitulé Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs. Cette rencontre marque une étape significative dans leur quête d’une solution durable au conflit.
Depuis Kigali, Mgr Donatien Nshole a confirmé que les évêques poursuivent leur mission de bons offices à l’échelle nationale et internationale. Leur objectif est de rallier les différents acteurs autour d’un cadre de dialogue structuré avant d’établir les modalités concrètes de mise en œuvre de leur plan de paix. Cette dynamique diplomatique pourrait jouer un rôle clé dans la recherche d’un compromis viable entre les parties impliquées.