Kinshasa, 07 mars 2025- Le vice-président et le secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) devront se présenter ce lundi 10 mars à l’auditorat militaire de garnison de Kinshasa-Gombe.
Officiellement, il s’agit d’ « éclairer la justice », selon les convocations signées par l’avocat général militaire, Benjamin Ntambwe Kapenga. Mais cette démarche judiciaire intervient dans un climat politique de plus en plus tendu entre le pouvoir en place et l’entourage de l’ancien président de la République Joseph Kabila.
Ces convocations surviennent après une audition remarquée d’Emmanuel Shadary, secrétaire permanent du PPRD, au ministère de l’Intérieur la semaine dernière. Selon les services du ministre Peter Kazadi, Shadary aurait eu du mal à expliquer certaines « activités clandestines » attribuées au parti et à son leader. Un des sujets sensibles abordés lors de cette rencontre concernait l’adhésion supposée de certains cadres du PPRD à la rébellion du M23, un groupe armé actif dans l’est du pays.
En toile de fond, ces tensions judiciaires coïncident avec le retour médiatique de Joseph Kabila, habituellement discret. En l’espace de deux semaines, l’ancien président a signé une tribune en Afrique du Sud et accordé une interview à une télévision namibienne, dans lesquelles il critique ouvertement le régime de Félix Tshisekedi. Une posture qui contraste avec son mutisme des dernières années et qui semble agacer le pouvoir en place.
Dans le même temps, Tshisekedi et son gouvernement ne cachent plus leurs soupçons à l’égard de Kabila. Le chef de l’État en personne l’accuse d’être le « véritable commanditaire » du M23 et de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), une rébellion qui contrôle plusieurs localités dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces accusations, gravissimes, jettent encore plus de flou sur les réelles intentions de l’ancien président et l’avenir de son parti.
Ces nouvelles convocations judiciaires marquent-elles le début d’une offensive plus large contre le PPRD ? S’agit-il d’une tentative de décrédibilisation ou d’une réelle volonté de faire la lumière sur d’éventuels liens entre le parti et les groupes armés ? En attendant les auditions du 10 mars, l’étau semble se resserrer autour des proches de Joseph Kabila, alors que la bataille politique entre l’ancien et l’actuel régime prend une tournure de plus en plus judiciaire.