Kinshasa, 15 mars 2025- Face à l’exportation illégale de ses minerais, la RDC passe à l’offensive. Lors du Conseil des ministres du vendredi, le gouvernement congolais a annoncé une série de mesures pour contrer la contrebande, qu’il attribue au groupe armé M23 et à son soutien rwandais. Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a présenté ces décisions comme une riposte déterminante contre l’exploitation illégale de son sous-sol.
Deux zones stratégiques, Rubaya et Nyabibwe, sont désormais classées « sites rouges ». Cela signifie qu’elles sont considérées comme des zones à haut risque en raison de leur exploitation par des groupes armés. Rubaya, qui représente jusqu’à 30 % de la production mondiale de coltan, devient ainsi un symbole de la lutte congolaise pour la souveraineté minière.
Kinshasa exige la suspension des certificats CIRGL accordés aux exportations rwandaises. Selon le gouvernement congolais, ces documents serviraient à blanchir des minerais extraits illégalement en RDC avant d’être revendus sur le marché international. Cette décision vise à priver Kigali d’un mécanisme de légitimation de ces ressources.
Pression sur la traçabilité des minerais
Le gouvernement congolais réclame également la saisie des minerais exportés par le Rwanda jusqu’à ce qu’un audit indépendant puisse prouver leur origine. L’objectif est clair : imposer une traçabilité stricte des ressources vendues par Kigali et empêcher leur entrée sur les marchés internationaux sans contrôle.
Kinshasa veut pousser les grandes puissances à interdire l’importation de minerais dont l’origine est douteuse. En visant notamment l’Europe et l’Asie, principaux consommateurs de coltan et d’autres minerais stratégiques, la RDC espère tarir les circuits de financement des groupes armés.
Ces mesures interviennent alors que la communauté internationale commence à sanctionner des figures liées au conflit de l’Est congolais. James Kabarebe, conseiller de Paul Kagame, ainsi que des responsables du M23, ont récemment été visés par des restrictions financières.
Le ministre des Mines a également salué la réévaluation par l’Union européenne de son protocole d’accord sur les minerais stratégiques avec le Rwanda. Cette possible remise en question pourrait marquer un tournant dans la pression internationale exercée sur Kigali.
Le Conseil des ministres a pris acte de ces décisions et s’engage à suivre leur application avec l’aide des partenaires internationaux. L’enjeu est de taille : protéger les ressources stratégiques du pays tout en asséchant les financements des groupes armés qui alimentent l’instabilité dans l’Est de la RDC.