Kinshasa, 21 mars 2025- La crise dans l’Est de la RDC prend une nouvelle tournure alors que Corneille Nangaa, chef de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), rejette l’appel au cessez-le-feu lancé par les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Son alliance avec le M23 continue d’élargir son emprise territoriale, plongeant la région dans une instabilité croissante.
Nangaa a clairement indiqué que son groupe n’était pas tenu par les négociations diplomatiques en cours. “Nous n’avons plus rien à perdre. Nous nous battrons jusqu’à ce que notre cause soit entendue”, a-t-il martelé dans un entretien exclusif à Goma. Une déclaration qui souligne la détermination des rebelles à poursuivre leur offensive.
Les tensions ont été ravivées par la rencontre entre Tshisekedi et Kagame à Doha, une première depuis la récente avancée du M23. Cette réunion, censée apaiser la situation, est perçue par Nangaa comme une manœuvre sans effet sur le terrain. “Tant que cela ne résout pas nos problèmes, nous dirons que cela ne nous concerne pas”, a-t-il affirmé.
L’ancien président de la CENI va plus loin en dénonçant un possible accord entre Kinshasa et Washington sur les ressources minières stratégiques. Pour lui, il s’agirait d’une trahison du peuple congolais. “Les États-Unis seraient naïfs de rechercher un tel accord. Le peuple congolais bloquera la voie à cette tromperie”, a-t-il averti.
Cette prise de position radicale intervient alors que le Département d’État américain envisage des discussions sur un partenariat minier avec la RDC. Une initiative qui pourrait redéfinir les relations entre Kinshasa et ses partenaires internationaux, mais qui suscite déjà de vives critiques.
Sur le terrain, l’AFC et le M23 continuent leur avancée. Jeudi, les rebelles ont pris Walikale, un verrou stratégique qui leur permet de contrôler des axes vitaux reliant plusieurs provinces de l’est du pays. Une progression qui les rapproche dangereusement de Kisangani, la quatrième plus grande ville de RDC.
Pendant ce temps, l’armée congolaise tente de contenir cette avancée, mais les revers successifs compliquent la situation. Le M23, renforcé par son alliance avec l’AFC, semble plus organisé et mieux équipé que jamais, rendant toute tentative de contre-offensive difficile.
Le Rwanda, souvent pointé du doigt comme soutien du M23, nie toute implication directe. Kigali affirme que son armée agit uniquement pour se protéger contre des menaces venues du territoire congolais. Une position qui ne convainc pas Kinshasa, ni plusieurs observateurs internationaux.
Alors que le conflit s’enlise, la question du rôle des puissances étrangères devient centrale. Washington et d’autres acteurs internationaux devront clarifier leur position face à un Nangaa qui se pose en adversaire résolu de tout accord passé sans son implication.
L’avenir de la RDC est suspendu entre diplomatie et escalade militaire. Tandis que Kinshasa cherche à renforcer ses alliances internationales, Nangaa et le M23 poursuivent leur avancée, redessinant la carte du conflit à leur avantage. Si aucune solution durable n’est trouvée, le pays risque de replonger dans une guerre à grande échelle aux conséquences imprévisibles.