Kinshasa, 23 mars 2025- Les propos du général Muhoozi Kainerugaba sur une éventuelle avancée du M23 ou de l’armée ougandaise (UPDF) jusqu’à Kisangani en une semaine, sur ordre de son père, ont déclenché une onde de choc. À l’heure où la RDC lutte contre l’expansion du groupe rebelle soutenu par Kigali, cette déclaration risque d’envenimer encore davantage les tensions régionales.
Si l’Ouganda justifie officiellement sa présence militaire en Ituri et au Nord-Kivu par la lutte contre les groupes armés, les paroles de Muhoozi jettent un doute sur les véritables intentions de Kampala. L’idée qu’une force étrangère puisse progresser de plusieurs centaines de kilomètres à l’intérieur du territoire congolais, sans accord explicite de Kinshasa, constitue une menace à la souveraineté du pays.
La proximité entre Muhoozi et Paul Kagame, renforcée par sa récente visite à Kigali, ajoute une autre dimension à cette annonce. En remerciant publiquement le président rwandais, il alimente les spéculations sur une possible coordination entre l’Ouganda et le Rwanda dans la crise actuelle. Or, la RDC accuse déjà ces deux pays de soutenir le M23, malgré leurs démentis répétés.
L’idée d’une offensive jusqu’à Kisangani rappelle un douloureux passé. Entre 1999 et 2003, la ville a été le théâtre d’affrontements meurtriers entre les armées ougandaise et rwandaise, qui s’y disputaient le contrôle des ressources. L’éventualité d’un nouvel épisode de ce genre, avec le M23 comme acteur majeur, fait craindre une escalade incontrôlable du conflit.
Du côté congolais, cette déclaration risque de durcir la position des autorités. Alors que la RDC et ses alliés régionaux cherchent à contenir le M23, une telle menace pourrait accélérer la mobilisation de nouvelles forces. La communauté internationale, déjà préoccupée par la situation humanitaire dans l’Est congolais, pourrait être contrainte de réagir face à cette rhétorique belliqueuse.
Si cette annonce vise à tester la réaction de Kinshasa et de ses partenaires, elle pourrait produire l’effet inverse et précipiter un affrontement plus large. Dans un contexte aussi explosif, chaque déclaration compte, et celle de Muhoozi vient ajouter un nouvel élément d’incertitude dans une crise qui semble loin d’être résolue.