Kinshasa, 09 avril 2025- Le retour annoncé de l’ancien président Joseph Kabila en République, après un an d’absence, provoque une vague de réactions contrastées sur la scène politique nationale. Ce qui attire particulièrement l’attention, c’est le choix de sa destination : Goma, capitale du Nord-Kivu, région actuellement instable et partiellement contrôlée par les rebelles du M23-AFC.
Pour Omar Sambu, président national de l’ASBL Génération Kabiliste, il n’y a aucune ambiguïté : “Joseph Kabila, autorité morale du FCC, est un citoyen congolais à part entière. Il est libre de rentrer et de s’installer où bon lui semble. La Constitution ne limite pas ses mouvements, contrairement à ce que laissent entendre certains journalistes proches du pouvoir.”
Du côté de l’opposition non alignée, Olivier Kamitatu, proche de Moïse Katumbi, salue un geste fort. “Le retour de Kabila est un signal important. Il veut faire entendre sa voix, défendre ses droits et, surtout, contribuer à la recherche de la paix dans un contexte régional explosif.”
Mais à l’UDPS, parti présidentiel, ce retour est perçu comme une manœuvre à haut risque. Augustin Kabuya, secrétaire général du parti, n’y va pas par quatre chemins : “Kabila sait qu’il ne peut plus gagner par les urnes, même pas aux municipales. Il revient par la violence et la manipulation. Quand Goma ou Bukavu tombent entre les mains de l’ennemi, il garde le silence. Mais dès qu’il sent que ses alliés sont visés par des sanctions internationales, il sort de son mutisme.”
Resté silencieux pendant six ans après avoir quitté le pouvoir en 2019, Kabila sort donc de l’ombre. Dans une lettre adressée à Jeune Afrique, il affirme vouloir contribuer à la paix et à la stabilité du pays. Son arrivée à Goma, si elle se confirme dans les prochains jours, pourrait bien être un moment charnière dans la vie politique congolaise — entre résurgence d’un leadership passé et espoir (ou crainte) d’une recomposition politique en gestation.