Kinshasa, 10 avril 2025- À l’aube, les collines verdoyantes du parc national de Kahuzi-Biega, réputées pour abriter les derniers gorilles des plaines de l’Est, se sont réveillées au son des balles. Ce site, symbole de biodiversité classé patrimoine mondial de l’UNESCO, a été le théâtre d’affrontements violents entre les miliciens Wazalendo, appuyés par les FARDC, et les rebelles du M23/ARC. Une scène de guerre au cœur d’un sanctuaire.
L’attaque survient après une percée stratégique des forces locales dans le territoire voisin de Kalehe. En reprenant six villages du groupement de Mbinga Sud, les Wazalendo entendent marquer leur présence dans une région que les rebelles contrôlaient depuis des mois. Cette dynamique semble raviver la volonté de reprendre le contrôle des zones clés, y compris celles d’importance écologique majeure.
À Tshivanga, quartier général du parc, les rafales ont semé la panique chez les riverains. Beaucoup ont fui, craignant pour leur vie, alors que les gardes du parc, pris entre deux feux, tentaient de sécuriser les rares zones non touchées par les tirs. Le contraste est saisissant : la guerre s’invite là où la nature appelait à la paix.
L’ombre du conflit jette une fois de plus une menace directe sur les efforts de conservation. L’habitat des gorilles est mis en péril, tout comme les infrastructures de recherche et d’écotourisme durement construites au fil des années. Les défenseurs de l’environnement s’inquiètent de voir le parc devenir un champ de bataille.
À ce jour, aucun bilan officiel n’a été communiqué. Mais sur le terrain, la tension est palpable, et les populations redoutent une nouvelle escalade. Entre ambitions militaires et enjeux écologiques, le Sud-Kivu vit un moment de bascule, où l’espoir d’une stabilité durable se heurte à la réalité des armes.