Kinshasa, 18 avril 2025- À Goma, la vie quotidienne devient un exercice de survie pour les ménages. L’instabilité chronique du taux de change, couplée à la fermeture des banques, plonge la population dans une précarité sans précédent. Dans cette ville sous occupation, l’absence d’une régulation officielle du marché monétaire a ouvert la voie à une fluctuation anarchique des taux, selon les services et les disponibilités en cash.
Les habitants de Goma vivent dans un labyrinthe économique où le taux de change du dollar varie selon l’opérateur, la transaction et parfois même l’heure de la journée. Une facture d’électricité de 10 dollars est convertie à 28 500 CDF chez la SNEL, mais grimpe à 32 000 CDF chez les fournisseurs privés. Quant aux frais scolaires, ils explosent à 35 000 CDF pour le même montant. Une réalité qui déroute les familles et fragilise leur budget déjà exsangue.
Les cambistes, devenus acteurs centraux de ce système bancal, appliquent des taux à géométrie variable : 30 000 CDF à l’achat, 33 000 à la vente. Dans un tel contexte, plus aucune transaction ne semble fiable. “Où allons-nous finalement, et qui fixe réellement le taux sur le marché ?” s’interroge une mère de famille, à bout de souffle.
Privés d’accès aux institutions bancaires, les habitants n’ont d’autre choix que de se tourner vers des circuits informels, eux-mêmes alimentés par la rareté du cash. Les retraits via Mobile Money, l’une des dernières options accessibles, s’opèrent à un taux désavantageux de 28 500 CDF. Chaque transaction devient un compromis entre perte et nécessité.
Face à ce désordre économique, les voix s’élèvent. Sur les réseaux sociaux, les habitants de Goma dénoncent une économie à la dérive, où les plus vulnérables paient le prix fort. Ils interpellent l’autorité de facto qui contrôle la ville, exigeant des mesures urgentes pour réguler le taux de change et restaurer un minimum de stabilité.
En l’absence d’un cadre monétaire clair, la population de Goma vit au rythme des caprices du marché noir. Entre colère et résignation, les familles subissent un chaos silencieux qui fragilise jour après jour leur pouvoir d’achat. Tant que l’État ne reprendra pas le contrôle de ses leviers économiques, les habitants resteront livrés à l’arbitraire, dans une économie où le dollar règne en maître.