Kinshasa, 23 avril 2025- Ce qui aurait pu être une avancée historique pour la paix en République démocratique du Congo s’est achevé dans l’impasse. Après près de trois semaines de pourparlers, les rebelles du M23 ont quitté, mardi 22 avril, la table des négociations à Doha, mettant fin à des échanges déjà fragiles avec le gouvernement congolais.
Aucun accord, pas même une déclaration conjointe. C’est dire à quel point les divergences entre les deux parties étaient profondes. Les discussions ont achoppé sur plusieurs points, dont la mention d’une rencontre entre Tshisekedi et Kagame. Pour le M23, ce conflit est congolais, pas rwandais. Une ligne rouge qu’ils n’ont pas accepté de franchir.
Autre point de rupture : le désarmement. Kinshasa voulait que les deux parties appellent les groupes armés à déposer les armes. Le M23 s’y est opposé, dénonçant la collaboration présumée entre l’armée congolaise et certaines milices locales. Une accusation récurrente qui alimente la méfiance entre les belligérants.
Sur le terrain, les tensions ne font que renforcer le fossé. Le M23 a exigé le retrait des FARDC et des Wazalendo de Walikale, une localité que ses forces avaient récemment quittée avant d’y revenir. Pour la rébellion, cette réoccupation montre le manque de sincérité de Kinshasa et justifie leur retrait des discussions.
Des préalables ignorés, selon la rébellion
Avant même leur départ pour Doha, les rebelles affirment avoir transmis une liste de conditions préalables à la médiation qatarie. Ils reprochent au gouvernement de ne pas avoir pris ces exigences au sérieux, un signe, selon eux, de « mauvaise foi manifeste » de la part de Kinshasa.
À l’avenir, le M23 ne veut plus discuter avec des « experts au mandat flou ». Il réclame des interlocuteurs politiques capables de prendre des décisions concrètes. Un avertissement qui sonne comme une condition non négociable à toute reprise des négociations.
Le Qatar, médiateur muet dans la tempête
Face à cet échec cuisant, la médiation qatarie reste silencieuse. Aucun commentaire officiel n’a été émis sur les suites possibles, ni sur les moyens envisagés pour relancer le dialogue. Pour l’heure, la balle semble être dans le camp du gouvernement congolais.
Alors que le terrain s’enflamme à nouveau dans l’Est de la RDC, cet échec diplomatique vient jeter une ombre supplémentaire sur les perspectives de paix. Le processus de Doha, présenté comme une opportunité rare de désescalade, s’est transformé en rappel brutal des fractures profondes entre Kinshasa et le M23.