Kinshasa, 23 avril 2025- L’ambiance était lourde, ce mercredi, à la Cour constitutionnelle, malgré l’absence de Matata Ponyo, Déogratias Mutombo et Grobler Christo Stephanus. Tous trois poursuivis pour le détournement présumé de 285 millions de dollars liés au projet Bukanga-Lonzo, les prévenus ont brillé par leur absence, suscitant l’agacement visible du procureur général, Moke Mayele.
Face à une salle d’audience attentive, Moke Mayele a tenu à rappeler fermement que “les immunités ne sont pas synonymes d’impunité”. Selon lui, l’ex-premier ministre Matata Ponyo se cache derrière son statut de député national pour échapper à la justice, une attitude qualifiée de “narguer la plus haute juridiction du pays”.
Le procureur n’a pas manqué de souligner une contradiction majeure : c’est la même Cour constitutionnelle que Matata accuse de politisation qui lui a permis de participer aux dernières élections. “On ne peut pas aujourd’hui la discréditer après avoir bénéficié de ses décisions”, a-t-il martelé, balayant les accusations d’acharnement judiciaire.
Pour le ministère public, les arguments avancés par la défense — notamment une supposée décision du Parlement protégeant Matata — ne sont que des “subterfuges” pour freiner le cours de la justice. “Il ne peut pas créer des dilatoires pour empêcher la Cour de faire son travail”, a déclaré le procureur avec insistance.
L’affaire Bukanga-Lonzo est loin d’être anodine. Avec un montant de 285 millions de dollars en jeu, elle est devenue un symbole du débat sur la redevabilité des anciens hauts responsables. Et l’absence des prévenus à l’audience de ce mercredi semble désormais renforcer le sentiment d’un bras de fer politique autant que judiciaire.
La suite du procès s’annonce tendue. Entre immunités parlementaires, enjeux politiques et volonté affichée de l’appareil judiciaire d’aller au bout de ce dossier emblématique, la Cour constitutionnelle marche sur un fil. Mais pour Moke Mayele, une chose est claire : la justice ne peut être tenue en échec par l’ombre des titres ou des mandats.