Kinshasa, 28 avril 2025 – Alors que le communiqué conjoint entre la RDC, l’AFC/M23 et la déclaration de principe entre Kinshasa et Kigali suscitent l’espoir d’une désescalade, le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix et ancien candidat à la présidence, exprime de vives réserves.
Dans un communiqué publié ce week-end sur son compte X, il dénonce l’opacité des démarches pilotées par les États-Unis et le Qatar, et appelle à l’application rigoureuse de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Mukwege articule ses critiques autour de trois axes principaux. D’abord, il s’interroge sur la multiplication des conditions pour instaurer la paix, alors que la résolution du 21 février 2025 impose déjà un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, le retrait des forces rwandaises du territoire congolais, l’arrêt du soutien au M23 ainsi que le démantèlement des administrations parallèles dans les zones occupées. “Il n’y a donc, a priori, pas à ajouter d’autres conditions pour assurer la mise en œuvre effective de cette résolution, source de droit international s’imposant à tous les États”, insiste-t-il.
Ensuite, s’il reconnaît que les récents engagements pourraient nourrir l’espoir d’une trêve, Mukwege rappelle qu’une demi-douzaine de cessez-le-feu ont été signés dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi pour être systématiquement violés. À ses yeux, cela révèle « la mauvaise foi flagrante » des forces d’agression, coupables de « mépris de la Charte des Nations Unies » et d’une stratégie cynique de « Talk and Fight ».
Enfin, Mukwege critique le manque de transparence entourant les négociations facilitées par le Qatar et les États-Unis. Il déplore des discussions menées « dans l’ombre », souvent dictées par des intérêts économiques et financiers étrangers, alors que la transparence est essentielle pour restaurer la confiance des populations, épuisées par des décennies de conflit.
En conclusion, Denis Mukwege rappelle que le conflit à l’Est de la RDC est largement internationalisé, qu’il perdure depuis plusieurs décennies, a causé des millions de morts et déplacés, et s’est accompagné des crimes les plus graves en droit international.